Un circaète Jean-le-Blanc a été retrouvé mort, au pied d’un aérogénérateur dans le parc de Freycenet-la-Tour, le 22 mai.
Présente au moment de l’impact, l’herpétologue Solenne Muller a confié l’oiseau à la Ligue de Protection des Oiseux pour l’autopsier. Le constat ? La bonne santé de l’animal avant le choc mortel démontre que les éoliennes peuvent s’illustrer comme de véritables espaces mortifères pour les oiseaux.
Un circaète Jean-le-Blanc ? C’est une espèce de rapaces majestueux spécialisée dans la chasse aux reptiles. Depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire, il bénéficie en ce sens d’une protection totale en France.
Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l’enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu.
« Le choc entre l’animal et une pale ne faisait aucun doute. »
Le 22 mai précisément, Solenne Muller, herpétologue de profession, étudie les amphibiens à l’étang des Barthes, à deux pas des six éoliennes implantées dans le secteur. Elle est accompagnée du photographe Simon Bugnon.
Ses observations sont alors perturbées par un bruit sec et sourd, provenant d’un des aérogénérateurs. « Le bruit était une sorte de gros « Poc », partage-t-elle. J’ai tout de suite tourné la tête et j’ai assisté à la chute d’un gros rapace le long de la première éolienne. Le choc entre l’animal et une pale ne faisait aucun doute ».
D’après une étude de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), 56 000 oiseaux sont tués chaque année par les éoliennes en France. Les pertes totales sont difficiles à quantifier, une partie des cadavres étant récupérée par les prédateurs naturels.
« Le choc a été tellement violent que tous ses organes ont été déplacés à l’intérieur. »
La scientifique et son camarade accourent aussitôt vers le pied de l’éolienne et découvrent l’oiseau inanimé. Elle reconnaît alors un circaète Jean-le-Blanc, une espèce emblématique. « Naïvement, je pensais peut-être qu’il pouvait encore être en vie et agir en fonction, confie Solenne Muller. Mais le choc l’avait terrassé instantanément ».
Elle poursuit : « Nous avons contacté la LPO, mais également la mairie et des élus locaux pour les prévenir. La Ligue de Protection des Oiseaux l’a pris en charge et l’a confié à son tour à l’Office Français de la Biodiversité (OFB) ».
Le circaète est ensuite ausculté par un vétérinaire. Non seulement l’autopsie révèle que le rapace était en bonne santé avant le choc, dénué de maladies quelconques ou d’un problème visuel, mais que c’est bien la pale qui lui a pulvérisé le corps. « Le choc a été tellement violent que tous ses organes ont été déplacés à l’intérieur », décrit Solenne Muller.
« Il est vraiment étonnant de construire de type d’engin dans des espaces aussi foisonnant de vie. »
Selon l’OFB, sans la présence de Solenne Muller sur place au moment des faits, « cette preuve que les éoliennes ont des conséquences sur la mortalité des oiseaux serait restée sans effet ». Solenne Muller d’expliquer en ce sens : « Il est très rare d’assister à ça en direct. Et il est évident que cette mort d’un rapace protégé n’est pas un cas isolé, car les cadavres sont vite emportés par les renards et d’autres prédateurs terrestres ».
Elle s’interroge alors : « Ce que je ne comprends pas, c’est l’implantation de ces éoliennes. Les rapaces, comme le circaète, sont des chasseurs de reptiles. Or, l’étang de Barthes est très riche en amphibiens et en serpents à l’instar des couleuvres, par exemple. Il est vraiment étonnant de construire de type d’engin dans des espaces aussi foisonnant de vie, dans des lieux où la biodiversité est très dense ».
« Le monde merveilleux des éoliennes n’est pas aussi beau que les promoteurs veulent bien le laisser croire. »
« Il faut arrêter de prendre les gens pour des naïfs, lance-t-il. Le monde merveilleux des éoliennes n’est pas aussi beau que les promoteurs veulent bien le laisser croire. Ces constructions, notamment dans un lieu tel que le Mézenc, sont une catastrophe pour toute la biodiversité, l’avifaune (les oiseaux, Ndlr) et les animaux terrestres. Sans parler de l’impact visuel pour les habitants et les touristes ».
Il ajoute : « D’après les remontées qui nous ont été faites à propos du circaète fauché par une éolienne, le promoteur ne reconnaît pas la cause direct de l’engin. Il affirme que l’oiseau devait être malade ou victime d’un problème visuel ». Sauf que l’autopsie contredit en totalité les arguments d’EDF Renouvelables.
Nous avons cherché, par le biais d’un mail, à nous entretenir avec le promoteur des éoliennes de Freycenet-la-Tour, EDF Renouvelables. Nous voulions savoir si des dispositifs équipaient les éoliennes pour éviter les accidents avec les volatiles. Nous n’avons eu aucun retour.
« La maman étant morte, son petit a bien entendu aucun espoir de grandir et de survivre. »
Gilbert Richaud rappelle aussi que la mort de ce circaète a réduit à zéro les chances de survie de son oisillon. « D’après sa plaque incubatrice, c’était une femelle qui avait un petit au nid », se désole-t-il.
Il déplore alors : « La maman étant morte, son petit n’a bien entendu aucun espoir de grandir et de survivre ».
Selon une récente étude de la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB), près de 600 millions d’oiseaux nicheurs ont disparu en Europe depuis 1980. Les chats tueraient environ 75 millions d’oiseaux par an en France. Outre les collisions avec des lignes électriques, des véhicules et des vitres, les principales causes d’effondrement des espèces d’oiseaux sont l’utilisation des pesticides dans l’agriculture intensive
Quand le noir redonne des couleurs
En France, pas ou peu de dispositifs anticollision avec les oiseaux existent. Et comme à l’accoutumée, ce sont encore les pays scandinaves les plus en avance sur le sujet. Des chercheurs norvégiens ont ainsi suivi pendant 10 ans plusieurs machines dans la centrale éolienne de l’archipel de Smøla. Certaines avaient les pales peintes en noir, et d’autres non.
L’étude rapportée par le journal Ecology and Evolution démontre que cette simple opération a permis de diminuer drastiquement les chocs avec les oiseaux, réduisant de 71,9 % le taux de mortalité des oiseaux par rapport aux turbines restées d’un blanc immaculé.
La société Energie Renouvelable du Languedoc (ERL)-GROUPE VALECO en correctionnelle
Suite aux plaintes au pénal de plusieurs associations environnementales :
– France Nature Environnement Occitanie-Méditerranée (FNE), le 31 janvier 2023 – La Ligue pour la Protection des Oiseaux – Occitanie (LPO), – L’association nationale « Sites et Monuments » (ex SPPEF) avec – L’association « Vigilance Patrimoine Paysager et Naturel » VPPN du collectif 34 – L’association « Association pour la Protection des Paysages et des Ressources du Lodévois et l’Escandorgue » APPREL
pour destruction intentionnelle du mâle de l’unique couple d’aigles royaux de l’Escandorgue, trouvé mort sous l’éolienne n° 2 de la centrale d’aérogénérateurs de Bernagues à Lunas (34650),
L’association BECOT du groupe de surveillance et d’étude des rapaces du Massif central qui est responsable du programme de baguage et de suivi des aigles royaux du Massif central et faisait le suivi de l’aigle royal de l’Escandorgue depuis les années 2014 avait en effet mis en garde la société ERL du groupe VALECO et les services de l’Etat de l’inepsie de construire des éoliennes au cœur du domaine vital du rapace, sur le site éolien de Bernagues, sur les crêtes du massif de l’Escandorgue, et elle avait prouvé la perte de son habitat, après les constructions en 2016.
Monsieur le Procureur de la République a retenu la plainte des défenseurs de l’environnement et a convoqué la société ERL en correctionnelle, au tribunal pénal de Montpellier, 1 place Pierre Flotte:mercredi 3 juillet 2024 à 14h.
Voir le communiqué complet du Collectif pour la Protection des Paysages et de la Biodiversité 34-12 (50 associations de l’Hérault) et de Son comité de soutien : l’association « Vigilance Patrimoine Paysager et Naturel »- VPPN. (en PDF) Contact : Marjolaine Villey-Migraine aigles.escandorgue@gmail.com
Autopsie d’une éolienne industrielle Des effets sur la vie alentour – Des éoliennes, de l’argent et des hommes Qui construit les éoliennes ? Une histoire de gros sous… … et de corruption – Aérogénérateurs et écologie L’éolienne industrielle permettrait de sortir du nucléaire Éoliennes industrielles et émissions de gaz à effet de serre Éoliennes et crédits carbone Compenser le désastre – Les éoliennes et le monde qui les entoure Éoliennes et Zones Industrielles de l’Électricité Éoliennes et territoire
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Combien y a-t-il d’éoliennes industrielles en France ?
Voilà une donnée difficilement accessible. Il est toujours question de « puissance raccordée », de térawatts, de mégawatts/heure, bref, le nombre de mâts n’est pas vanté… Mais le calcul est relativement simple, la puissance totale des 835 « parcs » éoliens hexagonaux représentant 9000 MW, il y aurait donc environ 4500 machines en activité (une éolienne ayant une puissance moyenne de 2MW), et il est prévu que 5000 de plus soient prochainement raccordées au réseau.
L’Aveyron, quant à lui, a déjà vu s’ériger 94 éoliennes industrielles, et 121 supplémentaires se sont vu octroyer un permis de construire. Ce ne serait qu’un début, si l’on en croit les prévisions du schéma régional, dont l’objectif serait l’implantation d’un millier de mâts. Si l’atome a déjà fait des dégâts colossaux (et là aussi ce n’est qu’un début), l’industrie éolienne que l’on nous présente comme son miraculeux remède ne serait-elle pas qu’une caution verte au tout nucléaire français ?Ne serait-elle pas également la nouvelle bulle spéculative d’un capitalisme financier en mal de nouveaux marchés ? Bref, qu’est-ce que l’éolien industriel ?
Autopsie d’une éolienne industrielle
Les éoliennes industrielles ne sont pas les moulins à vent de notre époque, comme on l’entend parfois. Les modèles les plus récents mesurent plus de 200 mètres de haut, c’est-à-dire plus de quatre fois la hauteur d’un pylône de ligne à Très Haute Tension. Leur réalisation demande plusieurs années de travaux, des défrichements massifs, l’élargissement des routes et pistes existantes pour faire passer des pièces plus grosses que celles d’un Airbus. 2000 tonnes de béton sont coulées dans le sol pour chaque mât, la fondation de 200m3 est d’un volume équivalent à celui d’une piscine olympique. Chaque éolienne contient 600 kg de terres rares, essentiellement du néodyme.
L’exploitation et le raffinage de ce métal se fait principalement dans la ville de Baotou (en Mongolie Intérieure), surnommée « la ville du cancer ». Les rejets chimiques de cette industrie ont pollué toute la région : l’espérance de vie est désormais de 40 ans et la radioactivité est deux fois supérieure à celle mesurée à Tchernobyl. Chaque éolienne contient également plus de 4 tonnes de cuivre extrait dans les gisements d’Amérique du Sud où des villages entiers sont expropriés par les forces armées pour permettre aux firmes occidentales d’exploiter la richesse du sous-sol et la vie des ouvriers. Pour verdir ici, on noircit là-bas.
Des effets sur la vie alentour
Lorsqu’elle se met en mouvement, une éolienne industrielle produit plusieurs sortes de bruits. Les premiers sont liés à la mécanique du système, notamment de la nacelle ; d’autres, plus lugubres, tiennent aux flux d’air autour des pâles qui produisent de surcroît en passant devant le mât toute une gamme d’infrasons. Une fois lancé, l’aérogénérateur émet un bruit lancinant que les riverains décrivent ainsi : « un avion qui passerait à basse altitude sans jamais atterrir »; ils posent des double vitrages, laissent les fenêtres fermées et bouchent le conduit de la cheminée avec du papier journal… puis ils déménagent, si miraculeusement ils parviennent à vendre leur maison. La journée, l’effet stroboscopique des pales – saccades d’ombre et de lumière – est très difficile à supporter. Il suscite maux de tête et nausées. La nuit, les flashs lumineux en haut des mâts éradiquent l’obscurité à des dizaines de kilomètres à la ronde. Le gibier et les animaux terrestres sont perturbés par ces énormes infrastructures et par la création des routes d’accès. Ils changent de territoire quand ils le peuvent. De nombreux oiseaux meurent hachés par les pales, quand bien même les promoteurs équipent les machines de radars anticollision. Les migrations, la nidification et la reproduction sont fortement perturbées.
DES ÉOLIENNES, DE L’ARGENT ET DES HOMMES
Qui construit les éoliennes?
La construction d’un aérogénérateur terrestre coûte la bagatelle de 2 millions d’euros. Pourtant les promoteurs se présentent le plus souvent comme de « petites entreprises familiales » au nom fleuri : Compagnie du vent, Énergie des collines, parc du Souleilla, etc. Derrière cette recherche d’acceptabilité sociale se cache en réalité des filiales d’EDF, Vinci, Total, GDF-Suez, AREVA et consorts. Prenons deux exemples de promoteurs dans le sud-Aveyron. Le premier, RAZ énergie, est une filiale de SAMFI INVEST, entreprise « d’investissement à haute rentabilité », spécialisée dans le transport routier avec une flotte de 600 camions. Un autre, Eneria (éoliennes de Mélagues et Arnac-sur- Dourdou) conçoit des motorisations pour des applications marines, industrielles et pétrolières, et exploite du pétrole et du gaz en Algérie. L’immense majorité des promoteurs sont en réalité de grandes multinationales polluantes. Il est important de noter que les parcs sont vendus et rachetés à des vitesses… spéculatives. Dans le Lévézou (toujours en Aveyron) certains ont été revendus 3 fois en à peine 5 ans. Les filiales apparaissent puis tombent en liquidation. Dans un tel système, on peut légitimement se questionner quant à qui, après les 25 années de rendement des machines, aura la charge de démonter ces friches industrielles…
Une histoire de gros sous…
L’éolien est un des investissements les plus rentables du moment car le rachat de l’électricité « renouvelable » se fait à prix d’or, largement au-dessus des tarifs du marché, avec la garantie des États et de l’Europe.
Et qui finance ce rachat ? Nous tous, au travers d’une taxe prélevée par EDF sur les consommateurs : la CSPE (Contribution au Service Public de l’Électricité). Le service public fournit donc la logistique à des détournements massifs de fonds vers les intérêts privés des promoteurs. Les communes et les propriétaires fonciers touchent les miettes du pactole – plusieurs milliers d’euros par an et par mât quand même. Par contre, la valeur des maisons alentour chute et oblige les riverains à subir les nuisances en restant dans des maisons invendables. Du point de vue des emplois, ceux qui sont créés localement se comptent sur les doigts d’une main : la fabrication, l’installation et la maintenance des éoliennes sont assurées par des techniciens spécialisés dépêchés depuis de grands centres urbains à des centaines de kilomètres de là. Quant aux vacanciers encore sensibles aux espaces non défigurés par le tourisme de masse ou l’industrie, ils iront se promener ailleurs. Les éoliennes uniformisent les territoires, leurs caractéristiques disparaissent tant on ne voit plus qu’elles.
Chaque « parc » devient une zone industrielle comme tant d’autres en France.
…et de corruption
Comment, dans ces conditions, les promoteurs arrivent-ils à imposer leurs machines ? Ils ont pour cela, outre la rétribution, un argument qui ne manquera pas de faire plier les récalcitrants : « si vous refusez les éoliennes sur un de vos terrains, éloigné de votre habitation, votre voisin, lui, les acceptera, dans son champ qui jouxte votre maison. » La même logique dévastatrice se reproduit à l’échelle des communes. Cela est d’autant plus grave que nos campagnes n’ont pas encore été contaminées par l’indifférence générale dont se gratifient les habitants des grandes métropoles. Il existe encore une attention, des liens, une solidarité minimale entre voisins. Mais avec l’arrivée des aérogénérateurs, des conflits irréductibles s’installent, les villages se coupent en deux, des communes entrent en guerre. Le rôle des conseillers municipaux est central. Alors que certains refusent logiquement toute implantation, pour d’autres les condamnations pour prise illégale d’intérêt ne cessent de tomber. Un exemple parmi tant d’autres à Mélagues en Aveyron : une ancienne conseillère municipale a été condamnée à 2 mois de prison avec sursis et 1.000€ d’amende ainsi qu’à l’interdiction pour 2 ans de ses droits civiques, civils et de famille. Elle avait participé au vote d’un projet de construction d’éoliennes sur des terrains appartenant à son mari, à sa belle-sœur et à son beau-frère. Une série d’implantations qui lui rapporte 46.500€ de loyer par an.
AÉROGÉNÉRATEURS ET ÉCOLOGIE
L’éolienne industrielle permettrait de sortir du nucléaire
Il s’agit d’un argument aussi répandu que fallacieux. On nous a jadis imposé le nucléaire sous prétexte de progrès, on voudrait aujourd’hui nous imposer les éoliennes sous prétexte d’écologie. Mais en France, malgré l’implantation massive « d’énergies renouvelables » depuis 10 ans, pas un réacteur n’a été arrêté. Au contraire, en janvier 2015, Ségolène Royal a clairement affiché la politique énergétique du pays : « il faut programmer la construction d’une nouvelle génération de réacteurs nucléaires » ou encore : « Nous n’allons pas opposer les énergies les unes aux autres ». Les gouvernants brandissent la « transition énergétique » et annoncent « la diminution de la part du nucléaire dans le bouquet énergétique français ». Mais il s’agit d’une diminution relative, dans un contexte d’augmentation de la production, des circulations et de la consommation énergétique. Il y aura toujours plus de centrales à charbon, plus de nucléaire et beaucoup plus d’aérogénérateurs ou de centrales photovoltaïques. Comme le dit Luc Oursel, PDG d’Areva, le nucléaire et le renouvelable sont « deux alliés naturels ». Ce qui est à l’œuvre n’est pas une transition, mais une accumulation énergétique. Dans ce cadre, les mâts sur fond de paysages bucoliques ont pour fonction d’apporter un supplément de bonne conscience et de légitimité à un système de production centralement organisé autour des centrales nucléaires. Ils sont le déguisement vert de la fuite en avant perpétrée par les mêmes entreprises qui ont créé et perpétuent le désastre qu’elles prétendent aujourd’hui guérir. Trouver encore de nouvelles technologies pour s’enrichir, tel est le défi du capitalisme vert.
Éoliennes industrielles et émissions de gaz à effet de serre
Le fonctionnement d’une éolienne dépend évidemment du vent : elle démarre lorsque le vent souffle à 10 ou 15 km/h et s’arrête lorsqu’il dépasse 85 km/h. Elle ne tourne pas quand il fait trop chaud (problème de refroidissement du générateur) ni quand il fait trop froid (risque de givre). Pour résumer, elle ne fonctionne à pleine capacité que 20 % du temps. Ni le vent ni l’électricité ne sont stockables. Pourtant le réseau électrique doit maintenir un équilibre général entre production et consommation sous peine de coupure générale, le fameux black-out. Pour compenser l’intermittence du vent, des centrales thermiques (au charbon ou au gaz) sont donc (re)mise en service ! Ces dernières sont maintenues en permanence en fonctionnement pour pouvoir prendre le relais instantanément si d’aventure une partie de la production éolienne s’arrête. Il n’est donc pas exagéré de dire que dans ce schéma, les éoliennes sont co-émettrices de gaz à effet de serre. Et l’on comprend mieux, depuis ce point de vue, que GDF-Suez soit l’un des principaux promoteurs de centrales éoliennes.
Éoliennes et crédits carbone
Construire un parc éolien est une solution pratique pour les multinationales les plus polluantes du monde entier. En effet, pour lutter contre le réchauffement climatique, le protocole de Kyoto leur impose, ainsi qu’aux États, une certaine limitation des émissions de carbone et de gaz à effet de serre. Cette limite ne signifie pas que les entreprises sont obligées de polluer moins ; au contraire, elles peuvent polluer au-delà des limitations, à condition de compenser ce dépassement par l’acquisition de « crédits carbone ». Il existe plusieurs manières d’obtenir de tels crédits : en les achetant sur un marché international (ce qui fait office de sanction), en investissant dans des zones naturelles protégées (c’est-à-dire en plantant des monocultures d’eucalyptus et en pratiquant une coupe à blanc une fois les arbres à terme) ou… en investissant dans des énergies supposément vertes comme les éoliennes ! Les aérogénérateurs sont donc la solution parfaite pour les multinationales : les crédits carbone qu’elles obtiennent en les construisant leurs permettent de se mettre en conformité avec la réglementation internationale sans réduire, et même en augmentant leurs pollutions. Elles engrangent des profits en vendant l’électricité à des tarifs subventionnés, et, cerise sur le gâteau, elles peuvent même revendre à d’autres pollueurs leur surplus de crédits carbone. Et bien entendu, tout cela avec crédit d’impôt. L’effet soi-disant escompté s’inverse, les crédits carbone, bien loin d’inciter à la retenue, génèrent de l’activité industrielle et ouvrent des droits supplémentaires à polluer.
Compenser le désastre
La compensation, dans ce système, est le nœud autour duquel pendent les nouvelles ficelles de la finance internationale, le nid idéologique de sa nouvelle marotte. Les entreprises détruisent l’environnement, cela est admis, il leur est demandé seulement de « compenser » les dégâts.
Une vision bien étrange du monde qui nous entoure, comme si tout était en pure équivalence : une forêt ou un bocage détruit ici équivaut à une forêt replantée au bout du monde (qui plus est souvent sur des terres agraires, privant les villageois de nourriture), la pollution d’une entreprise chimique équivaut à dix éoliennes, ou à un bouquet d’actions « chimpanzé » que proposent des banques spécialisées. Et le comble pour les investisseurs, c’est que ces compensations rapportent, comme c’est le cas des aérogénérateurs. Et tout cela en alimentant le discours écologique d’État, qui se targue à peu de frais de sa transition énergétique, lorsque ce n’est en réalité qu’une transaction… Car, comme l’affirme un promoteur : « la gestion proactive de l’environnement génère de la valeur. »
LES ÉOLIENNES ET LE MONDE QUI LES ENTOURE
Éoliennes et Zones Industrielles de l’Électricité
La question de l’éolien industriel n’est au final pas une question d’énergie. L’implantation d’aérogénérateurs ne vient pas répondre à un besoin local. La France a exporté 47,2 TWh en 2013 et ce solde est en constante augmentation. De plus, les aérogénérateurs sont habituellement implantés dans des zones faiblement peuplées, à proximité d’autres centrales de production (photovoltaïque, hydraulique, éolien, etc.). EDF prétendra ensuite que cette énergie est consommée « localement », puisque l’électricité va au plus proche. Mais lorsque les besoins locaux s’élèvent, par exemple, à 2 MW, il est impossible de consommer les 40 MW produits. Les 38 restant partent donc à l’exportation. Car il existe un marché mondial de l’électricité en pleine expansion (du fait notamment du développement du tout électro-numérique : ordinateur, serveur, internet et autres objets « intelligents »), où le label « renouvelable » permet d’engranger de substantiels profits. Mais encore faut-il être raccordé aux réseaux pour accéder à ces marchés. L’électricité se transporte difficilement, les déperditions sur les lignes sont énormes, d’autant plus si le voltage est bas. On trouve ici le sens à concentrer les unités de production : plus les unités de production sont proches les unes les autres, plus il est possible de les relier rapidement et facilement aux gigantesques transformateurs pour haute et très haute tension. Le but ultime étant de rejoindre une ligne 400.000 volts depuis laquelle il est possible de vendre à travers toute l’Europe. Et c’est RTE, à grand renfort d’argent public, qui installe les infrastructures nécessaires à ce business. Une fois celles-ci en place, elles appellent irrémédiablement de nouveaux projets de production énergétique… C’est cette logique qui est à l’œuvre dans le sud-Aveyron autour du projet de méga-transformateur de sept hectares à Saint-Victor-et-Melvieu.
Éoliennes et territoire
Depuis une décennie déjà, des associations de riverains impactés par les projets éoliens mènent un travail juridique décisif pour ralentir et compliquer leur réalisation. À tel point que ces contrariétés (les frais de contentieux et les délais de recours) sont aujourd’hui intégrées par les promoteurs dans leurs coûts et leurs calendriers de mise en place.
Mais le lobby éolien se renforce, il pousse sans relâche aux simplifications administratives et législatives, appuyé en cela par les traités de déréglementation internationaux (comme le TAFTA) ou les décrets nationaux, comme la loi Macron. Il faut aujourd’hui lui opposer sur le terrain une lutte populaire et politique ancrée dans les territoires que nous désirons défendre. Le refus des habitants doit apparaître au grand jour sur les affiches et sur les murs, dans des manifestations, par des pressions sur les élus et les diverses instances participant à la promotion des aérogénérateurs (Préfectures, régions, départements, communes, Parcs Naturels…) mais aussi par des blocages physiques de toute la logistique éolienne (chantiers, convois, démarchages…) et des occupations des futurs lieux de travaux.
Nous ne les laisserons pas continuer impunément le saccage de nos territoires.
Le « wake effect » pose un défi crucial pour l’efficacité énergétique des parcs éoliens en mer, soulevant des questions de régulation. Chercheurs et industriels s’efforcent de comprendre ce phénomène pour optimiser les performances des éoliennes offshore.
EN BREF
Le « wake effect » désigne la turbulence créée par une éolienne, réduisant l’efficacité des éoliennes en aval.
Des recherches visent à développer des modèles de prédiction plus précis pour minimiser les impacts du wake effect.
Des solutions comme l’ajustement de l’orientation des turbines et l’exploration de nouveaux designs d’éoliennes émergent pour atténuer l’effet.
Le « wake effect » ou effet de sillage, phénomène bien connu, mais encore mal compris, désigne la turbulence créée par une éolienne, perturbant le vent et réduisant ainsi l’efficacité des éoliennes en aval.
Cette baisse de rendement peut s’étendre sur de grandes distances, posant des défis particuliers dans des zones densément peuplées de parcs éoliens en mer.
Wake effect : mieux le comprendre ce phénomène pour mieux l’anticiper
De nombreuses équipes de recherche se penchent sur le « wake effect », comme l’Université de Bergen, l’institut allemand Fraunhofer ou l’université Takanori Uchida. Leurs recherches cherchent à développer des modèles de prédiction plus précis et à identifier des solutions pour minimiser ses impacts.
D’après une étude publiée dansMarine Policy, dans les conditions les plus défavorables, les pertes de rendement dues au wake effect peuvent atteindre jusqu’à 20% sur une distance de 50 kilomètres en aval des parcs éoliens offshore.
Des acteurs industriels mènent également des études approfondies pour éclairer les pratiques d’implantation et de gestion des parcs éoliens. L’énergéticien allemand RWE, par exemple, estime que l’effet de sillage pourrait avoir des répercussions jusqu’à une périphérie de 200 km.
Des solutions émergent pour atténuer l’effet de sillage
Parmi les solutions envisagées figurent des ajustements dans la disposition des éoliennes, des modifications matérielles et même l’exploration de nouveaux designs d’éoliennes. Des projets comme « Wake Adapt » de Siemens. Cette solution consiste à ajuster légèrement l’orientation des turbines lorsque le vent est aligné avec les éoliennes. Cette modification subtile permet de dévier l’effet de sillage sans compromettre la structure de l’éolienne.
En effet, des discussions portent sur le choix du type d’éolienne à utiliser. Bien que les turbines à trois pales sur mâts soient les plus répandues, il y a un intérêt croissant pour les rotors inclinés qui pourraient atténuer l’effet de sillage. Le projet POWER a été initié dans ce but, visant à installer 10 éoliennes « Touchwind » pour évaluer si ce design peut améliorer la production d’électricité par kilomètre carré tout en limitant l’effet de sillage.
Les enjeux de la coopération internationale face au wake effect
Face à la complexité de l’effet du sillage et à ses implications transfrontalières potentielles, une collaboration internationale accrue est nécessaire pour garantir une transition énergétique efficace et harmonieuse. Des cadres réglementaires clairs et des accords entre les États riverains des parcs éoliens en mer sont essentiels pour relever ce défi de manière coordonnée.
« (…) La Convention sur le droit de la mer n’impose aucune limitation explicite (…) cependant, on pourrait interpréter une limitation potentielle comme signifiant que vous devez notifier et consulter d’autres États que votre parc éolien offshore peut avoir des effets de sillage transfrontaliers » explique Eirik Finserås, candidat à la Faculté de droit de l’Université de Bergen, auteur d’une étude sur ce phénomène.
Comprendre et maîtriser le « wake effect » est crucial pour maximiser l’efficacité des parcs éoliens en mer et assurer leur durabilité à long terme. Grâce à la recherche continue et à la collaboration entre les acteurs du secteur, des progrès significatifs sont réalisés pour surmonter ce défi et exploiter pleinement le potentiel de l’énergie éolienne offshore.
Présente au moment de l’impact, l’herpétologue Solenne Muller a confié l’oiseau à la Ligue de Protection des Oiseux pour l’autopsier. Le constat ? La bonne santé de l’animal avant le choc mortel démontre que les éoliennes peuvent s’illustrer comme de véritables espaces mortifères pour les oiseaux.
Un circaète Jean-le-Blanc ? C’est une espèce de rapaces majestueux spécialisée dans la chasse aux reptiles. Depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire, il bénéficie en ce sens d’une protection totale en France.
Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l’enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu.
« Le choc entre l’animal et une pale ne faisait aucun doute. »
Le 22 mai précisément, Solenne Muller, herpétologue de profession, étudie les amphibiens à l’étang des Barthes, à deux pas des six éoliennes implantées dans le secteur. Elle est accompagnée du photographe Simon Bugnon.
Ses observations sont alors perturbées par un bruit sec et sourd, provenant d’un des aérogénérateurs. « Le bruit était une sorte de gros « Poc », partage-t-elle. J’ai tout de suite tourné la tête et j’ai assisté à la chute d’un gros rapace le long de la première éolienne. Le choc entre l’animal et une pale ne faisait aucun doute ».
D’après une étude de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), 56 000 oiseaux sont tués chaque année par les éoliennes en France. Les pertes totales sont difficiles à quantifier, une partie des cadavres étant récupérée par les prédateurs naturels.
« Le choc a été tellement violent que tous ses organes ont été déplacés à l’intérieur. »
La scientifique et son camarade accourent aussitôt vers le pied de l’éolienne et découvrent l’oiseau inanimé. Elle reconnaît alors un circaète Jean-le-Blanc, une espèce emblématique. « Naïvement, je pensais peut-être qu’il pouvait encore être en vie et agir en fonction, confie Solenne Muller. Mais le choc l’avait terrassé instantanément ».
Elle poursuit : « Nous avons contacté la LPO, mais également la mairie et des élus locaux pour les prévenir. La Ligue de Protection des Oiseaux l’a pris en charge et l’a confié à son tour à l’Office Français de la Biodiversité (OFB) ».
Le circaète est ensuite ausculté par un vétérinaire. Non seulement l’autopsie révèle que le rapace était en bonne santé avant le choc, dénué de maladies quelconques ou d’un problème visuel, mais que c’est bien la pale qui lui a pulvérisé le corps. « Le choc a été tellement violent que tous ses organes ont été déplacés à l’intérieur », décrit Solenne Muller.
« Il est vraiment étonnant de construire de type d’engin dans des espaces aussi foisonnant de vie. »
Selon l’OFB, sans la présence de Solenne Muller sur place au moment des faits, « cette preuve que les éoliennes ont des conséquences sur la mortalité des oiseaux serait restée sans effet ». Solenne Muller d’expliquer en ce sens : « Il est très rare d’assister à ça en direct. Et il est évident que cette mort d’un rapace protégé n’est pas un cas isolé, car les cadavres sont vite emportés par les renards et d’autres prédateurs terrestres ».
Elle s’interroge alors : « Ce que je ne comprends pas, c’est l’implantation de ces éoliennes. Les rapaces, comme le circaète, sont des chasseurs de reptiles. Or, l’étang de Barthes est très riche en amphibiens et en serpents à l’instar des couleuvres, par exemple. Il est vraiment étonnant de construire de type d’engin dans des espaces aussi foisonnant de vie, dans des lieux où la biodiversité est très dense ».
« Le monde merveilleux des éoliennes n’est pas aussi beau que les promoteurs veulent bien le laisser croire. »
« Il faut arrêter de prendre les gens pour des naïfs, lance-t-il. Le monde merveilleux des éoliennes n’est pas aussi beau que les promoteurs veulent bien le laisser croire. Ces constructions, notamment dans un lieu tel que le Mézenc, sont une catastrophe pour toute la biodiversité, l’avifaune (les oiseaux, Ndlr) et les animaux terrestres. Sans parler de l’impact visuel pour les habitants et les touristes ».
Il ajoute : « D’après les remontées qui nous ont été faites à propos du circaète fauché par une éolienne, le promoteur ne reconnaît pas la cause direct de l’engin. Il affirme que l’oiseau devait être malade ou victime d’un problème visuel ». Sauf que l’autopsie contredit en totalité les arguments d’EDF Renouvelables.
Nous avons cherché, par le biais d’un mail, à nous entretenir avec le promoteur des éoliennes de Freycenet-la-Tour, EDF Renouvelables. Nous voulions savoir si des dispositifs équipaient les éoliennes pour éviter les accidents avec les volatiles. Nous n’avons eu aucun retour.
« La maman étant morte, son petit a bien entendu aucun espoir de grandir et de survivre. »
Gilbert Richaud rappelle aussi que la mort de ce circaète a réduit à zéro les chances de survie de son oisillon. « D’après sa plaque incubatrice, c’était une femelle qui avait un petit au nid », se désole-t-il.
Il déplore alors : « La maman étant morte, son petit n’a bien entendu aucun espoir de grandir et de survivre ».
Selon une récente étude de la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB), près de 600 millions d’oiseaux nicheurs ont disparu en Europe depuis 1980. Les chats tueraient environ 75 millions d’oiseaux par an en France. Outre les collisions avec des lignes électriques, des véhicules et des vitres, les principales causes d’effondrement des espèces d’oiseaux sont l’utilisation des pesticides dans l’agriculture intensive
Quand le noir redonne des couleurs
En France, pas ou peu de dispositifs anticollision avec les oiseaux existent. Et comme à l’accoutumée, ce sont encore les pays scandinaves les plus en avance sur le sujet. Des chercheurs norvégiens ont ainsi suivi pendant 10 ans plusieurs machines dans la centrale éolienne de l’archipel de Smøla. Certaines avaient les pales peintes en noir, et d’autres non.
L’étude rapportée par le journal Ecology and Evolution démontre que cette simple opération a permis de diminuer drastiquement les chocs avec les oiseaux, réduisant de 71,9 % le taux de mortalité des oiseaux par rapport aux turbines restées d’un blanc immaculé.
Les associations de protection de l’environnement en appellent aux groupes parlementaires
Au nom de la protection de l’environnement, indissociable du droit des citoyens à participer à celle-ci, Au nom de l’urgence climatique, indissociable d’une protection effective et durable de la biodiversité, des espèces et de leurs habitats,
Pour tous les projets d’aménagement majeurs dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie relevant de l’autorisation au titre des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), des infrastructures de transports, et pour tous les projets majeurs relevant de la gestion des ressources vitales telles que l’eau, les métaux et matériaux du sol, ou encore les déchets,
nous demandons :
une révision de la loi Industrie verte sur ses dispositions tendant à restreindre l’application du code de l’environnement
une abrogation des décrets publiés au Journal officiel les 6 et 7 juillet 2024.
le rétablissement du 1er niveau de justice administrative et des délais de recours pour tout type d’aménagement pouvant avoir un impact sur les écosystèmes vivants.
le rétablissement des enquêtes publiques matérialisées pour tous les projets.
l’obligation de rendre publique un rapport présentant la synthèse des avis émis lors des consultations dématérialisées et la justification des décisions prises. ….
l’obligation de rendre accessible les documents déposés par tout porteur de projet d’aménagement, y compris les « portés à connaissance », dans des délais permettant au public de les analyser