Discorde autour de l’éolien


Deux élus quittent le conseil

Si le vote du budget primitif 2024 n’a pas suscité de débat, jeudi 4 avril 2024, au conseil communautaire de Vallons de Haute-Bretagne communauté, on ne peut pas en dire autant d’une délibération, invitant les élus à prendre acte des zones d’accélération des énergies renouvelables. Alors que l’éolien cristallise les tensions sur le territoire et au sein de l’intercommunalité, deux élus ont quitté le conseil communautaire.

Alors que les élus de Vallons de Haute-Bretagne communauté devraient prendre acte des zones d’accélération des énergies renouvelables (ZAEnR) en conseil communautaire, de vifs échanges sur l’éolien se sont enchaînés.

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Les élus de Vallons de Haute-Bretagne communauté étaient appelés, jeudi 4 avril 2024, en conseil communautaire, à prendre acte des zones d’accélération des énergies renouvelables (ZAEnR) qui pourraient accueillir de nouveaux projets.

Des zones définies par les communes. Du moins la majorité. Alors que l’échéance, déjà repoussée une fois par l’État, était au 31 mars 2024, « les communes de Lassy et Guichen n’ont pas encore remonté leurs zones ; Guignen ne l’envisage pas », indique Thierry Beaujouan, président de Vallons de Haute-Bretagne communauté (VHBC).

Pressentant de vifs échanges, alors que le sujet de l’éolien, clivant sur le territoire, revient régulièrement en conseil communautaire, il s’est empressé de préciser : « On reviendra sur un débat plus terre à terre », voulant limiter les prises de parole aux zones d’accélération.

Val d’Anast et Guichen pointés du doigt

Une précaution qui n’empêchera pas un débat houleux. La troisième vice-présidente, Michèle Motel, mettra tout de suite sur le tapis son désaccord avec deux zones éoliennes : celle de Val d’Anast — contre laquelle la municipalité et des habitants de Lohéac sont vent debout — et une zone sur le secteur de La Bouëxière, à Guichen, qui suscite aussi des oppositions. Elle remet en cause la distance entre éoliennes et habitations dans ces projets.

Selon elle, « 500 m, même si cela respecte la loi », ce n’est pas suffisant alors « qu’il y a des gens qui sont sensibles à ces éoliennes, certains ont de réels impacts sur leur santé ». Elle estime alors « que le principe de précaution devrait être appliqué quand des centaines de personnes, dans un rayon d’un kilomètre, vont être impactées. Au nom de ce principe de précaution, je ne peux pas valider le projet de Val d’Anast, puisque Guichen ne s’est pas encore prononcé sur son projet, que je ne validerai pas non plus à proximité d’un village où vivent 900 habitants. »

Le maire de Guichen, Dominique Delamarre, coupe Michèle Motel, qui est aussi élue de l’opposition municipale à Guichen : « Dans le village dans lequel vous habitez, Madame Motel », rétorque-t-il à deux reprises. Thierry Beaujouan répète, quant à lui : « Le débat, ce soir, n’est pas de dire on veut ou on ne veut pas d’éolien. Le sujet, c’est la transmission aux services de la préfecture des délibérations. Si vous avez un débat à Guichen, vous le faites autour de la table du conseil municipal de Guichen ».

« Une erreur pas anodine »

Pour revenir au sujet, sans manquer de souligner son amertume, Patrick Bertin, quatrième vice-président de VHBC et maire de Lohéac, lancera, en pointant, lui aussi, Val d’Anast : « Nous, Lohéac, on prend acte que la commune voisine vient impacter notre commune, malgré une pétition contre, signée par 700 habitants. »

Toujours au sujet de ce même projet éolien, le maire de Bovel, José Mercier, remettra en cause des données. Notamment celle de la production annuelle annoncée « pour les trois éoliennes de 3,6 mégawatts », qu’il regrette « de ne pas avoir trouvée dans la délibération du jour, mais dans la présentation du projet transmise à la préfecture le 7 février ».

Un document qui indique « un chiffre de 23 GWh » de production annuelle annoncée. Une donnée qu’il juge fausse. Détaillant son calcul, le maire de Bovel affirme que ces trois éoliennes produiraient « 16 GWh et non pas 23 GWh, une erreur pas anodine, augmentant de 45 à 50 % la production réelle qu’est capable d’assurer trois éoliennes de trois mégawatts de puissance ».

« Un document mal fait et mensonger »

Revenant à la délibération du jour sur les zones d’accélération et au document fournit, José Mercier regrette que « la distinction ne soit pas faite entre l’agrivoltaïsme et les simples panneaux photovoltaïque. Ça manque de clarté, d’intelligence, de finesse, du souci de l’agriculture ». Un document pour lequel il « ne votera pas », « mal fait et mensonger ».

Son avis sera encore plus tranché, après avoir demandé si la synthèse fournie fait bien le lien entre les objectifs de production éolienne annuelle à l’horizon 2050, fixées par le Plan climat-air-énergie territorial (PCAET), et les zones remontées par les communes qui ont répondu.

Thierry Beaujouan répondra que non, « il s’agit d’objectifs de développement pour 2050 à partir de 2021 ». Une réponse qui n’a pas manqué d’accentuer la colère de José Mercier : « Alors c’est du vent ! Comment veux-tu qu’on se prononce sans ces données ? C’est un document fait par des camelots », s’emporte-t-il.

Les deux élus sortent de la salle

Le maire de Val d’Anast, Pierre-Yves Reboux, rétorquera : « Ce soir, nous parlons de la carte des zones d’accélération des énergies renouvelables. C’est quoi une zone ? C’est un secteur géographique. Le conseil municipal de Val d’Anast a délibéré pour dire qu’il y avait une zone sans doute favorable dans la commune. Je souhaite, M. le président, que nous ne parlions que des zones, que nous restions dans les délibérations, les procès d’intention pourront venir le moment venu. »

Peu de temps après, José Mercier et Patrick Bertin sortiront de la salle. Les autres prennent acte de la délibération. « L’éolien n’était pas le sujet aujourd’hui, on y reviendra au prochain conseil communautaire, au mois de mai, lorsqu’on abordera le PCAET », assure Thierry Beaujouan. Le débat déjà commencé — à entendre l’élu communautaire, Jean-Marc Maldonado, rappeler entre deux prises de parole : « Il va falloir prendre vos responsabilités, la trajectoire climatique est de 4,1 °C » — s’annonce mouvementé.

Ouest France