Sioux Berger et les moulins à vent


11 nov 2018

La puissance des lobbies.

Témoignage d’un agriculteur de Trizac dans le Cantal

« Je suis propriétaire d’un buron dans le Cantal. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une ferme isolée qui servait autrefois de refuge aux éleveurs et à leurs troupeaux.

Dans mon buron, il n’y a pas l’électricité. J’ai donc demandé à la commune un permis de

construire pour une petite éolienne individuelle de 10 mètres de haut. Je pouvais ainsi être indépendant car je produisais moi-même l’électricité dont j’avais besoin. Le permis m’a été refusé.

Quelque temps après, un projet d’implantation de 10 éoliennes de 180 mètres de haut ont vu le jour : mon buron est cerné, entouré par les aérogénérateurs industriels.

Mais moi, je n’ai pas le droit de produire écologiquement mon électricité. »

Je poursuis mon enquête sur le terrain. Ce témoignage fait suite à celui intitulé  » éoliennes, une escroquerie verte organisée, témoignage d’une agricultrice bio ».

23 nov 2018

Toi ? Tu ne comptes pas !

Témoignage d’un éleveur du cantal

Je m’appelle Michel Felgines, et je suis éleveur dans le Cantal. Mes vaches sont en plein air toute la journée. Et je vis auprès d’elles.

Les sociétés qui comptent construire un parc éolien ont fait des réunions d’information dans le village. Avec ma femme, on y est allés. Dans le projet, je vais avoir une éolienne à moins de 500 mètres de ma stabulation. C’est légal, paraît-il, car mon étable n’est pas considérée comme une habitation. Pourtant j’y suis toute la journée, et souvent la nuit aussi, quand mes Salers mettent bas. Voilà les questions que j’ai posées :

– Trop près des éoliennes, on sait qu’il y a des cellules trop nombreuses dans le lait des vaches, ensuite, il est invendable. Que comptez-vous faire pour cela ?

– Ma stabulation est à moins de 500 mètres de l’éolienne. L’hiver, il fait jusqu’à moins 18 degrés par ici. Que comptez-vous faire pour la projection des blocs de glace par les pâles ? Elles peuvent être projetées bien plus loin que 500 mètres. Et moi je suis toute la journée dans ma stabulation.

Réponse du représentant de la société : pas d’inquiétude ! Nous installons ce parc sur un territoire où il y a seulement 0,7 habitant au kilomètre carré…le risque est donc minime !

Je ne savais pas, avant cette réponse, que je ne représentais pas une personne à part entière en France…maintenant je le sais.

Michel Felgines cantal, 15

24 nov 2018

Du pain béni pour les lobbies, et un tombeau pour les ruraux

Témoignage de Franck Cardaliaguet, Jardinier-Grimpeur Elagueur dans le Cantal.

Je m’appelle, Franck, j’ai 31 ans, et je suis Cantalou. Je me suis récemment installé dans le petit village de Siran. Toute la journée, je roule dans ma camionnette équipée, et je me déplace chez les particuliers pour élaguer, tailler, entretenir. Je m’occupe des résidences secondaires, et il y en a beaucoup dans ma région, car, après l’agriculture, notre second revenu, c’est le tourisme.

Récemment, un projet d’éoliennes de 200 mètres de haut vient d’être lancé sur les communes de Glénat et de Siran. Chez nous, dès qu’il s’agit d’écologie, on est plutôt pour : notre département est excédentaire en électricité, car nous avons des barrages, et nous sommes peu consommateurs en pesticides. On essaie de préserver ce que la nature nous a offert. Alors je me suis dit « pourquoi pas ».

Mais dans le Cantal, on prend son temps : on réfléchit. On pèse le pour et le contre, et ce n’est pas parce que les boites privées qui construisent les éoliennes nous envoient des messieurs en jolis costumes et sillonnent les campagnes pour nous dissuader de protester qu’on va se laisser embobiner si facilement. Et d’ailleurs, c’est cette façon qu’ils ont de « vendre leur produit comme une belle voiture neuve », qui, personnellement, m’a dérangé. Il y avait un truc qui me chiffonnait. Pourquoi toutes ces brochures en papier glacé, ces réunions avec Power point à l’appui, si les éoliennes c’est bon pour nous et pour la planète ? Et ils en dépensent du fric et de l’énergie pour nous convaincre ! A Siran, on parle de 110 000 euros de « compensations », proposées pour aider le stade de foot ! Compensations ou pots de vin ?

Je me suis donc posé deux questions très auvergnates :

Première question :

– D’où sort tout cet argent ?

Réponse : des taxes sur les énergies. Taxes sur le diesel, taxes sur votre facture d’électricité.

Les subventions de l’Etat avoisinent les 150 milliards d’euros. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est la loi : 25 euros de subvention de l’état par mégawatt pour l’éolien terrestre, et 115 pour le off shore.

EDF est obligée de racheter plus cher l’électricité des éoliennes. Ce sont les taxes que nous payons qui permettent à des entreprises privées de s’organiser. Et plus ces entreprises construisent d’éoliennes, plus on paye de taxes, plus leur bénéfice augmente. Normal, puisque le prix de l’électricité est artificiellement gonflé grâce à nous. Donc c’est rudement intéressant comme montage financier. On appelle cela un « effet d’aubaine ». La bonne aubaine en effet ! Que les éoliennes soient rentables ou non sur le long terme, ce n’est pas la question actuelle. Aujourd’hui, ce qui est intéressant pour les lobbies, c’est d’en planter le plus possible.

Deuxième question :

– Dans quelles poches finit tout cet argent ?

Réponse : Dans celle du promoteur privé qui a pour actionnaires : des fonds de pension

britanniques, allemands, suisses…eh oui, il faut bien les rémunérer…

L’argent file également à l’exportation, puisque l’électricité produite est majoritairement exportée.

( je ne le savais pas, mais l’électricité, ça s’exporte et nos voisins en sont friands)

Donc je résume :

– La gare de Laroquebrou va fermer. L’école de Glénat va fermer. La première boulangerie est à 10 km : Je roule au diesel parce que je suis un rural. Je paye.

– Quand j’éteins ma lumière le soir et je suis fier d’appartenir à un département excédentaire en électricité. Je paye quand même.

– On m’installe des éoliennes de 200 mètres de haut sur ma commune et ma maison perd 25 % minimum de sa valeur si je veux la revendre. Je paye.

– Mes clients, les touristes, envisagent de déménager et de ne pas revenir si le projet des éoliennes se construit. Je n’ai plus de haies à tailler. Je paye.

– Dans 10 ou 15 ans, les éoliennes sont en bout de course, il faut les démanteler. 450 000 euros par éoliennes. Les lobbies sont tenus de provisionner seulement 50 000 euros pour ce démantèlement.

Le propriétaire du champ ne peut pas payer une telle somme, c’est ma commune qui devra payer.

J’appartiens à la commune. Il y aura 5 éoliennes. 5×450 000 = 2 millions 250 000. Je paye. Elle est pas belle la vie ? On nous donne la pelle pour creuser notre tombe et nous la prenons.

Mais plus on réfléchira et plus on partagera nos réflexions et moins on se fera avoir.

PS : Pour ceux qui voudraient vérifier par eux-mêmes les chiffres que j’avance, lisez simplement ceux de la cour des comptes, rapport d’avril 2018, ainsi que la CRE, commission de régulation de l’énergie ( délibération de juillet 2017).

Et pour ceux qui se demandent pourquoi je parle de lobbies pour les éoliennes, je vous invite à lire le témoignage d’une agricultrice bio, publié par Sioux Berger, qui explique très bien comment les installateurs d’aérogénérateurs arnaquent les propriétaires de terrains sur lesquels ils vont installer leurs machines.

28 nov 2018

Les lobbies achètent notre silence

Témoignage de Grégoire Francès. Cantal. (15)

Une société d’éolienne est venue nous démarcher. Ils souhaitaient implanter des machines sur notre terrain, afin de faire un relevé des décibels présents autour de notre maison. En effet, les sociétés sont tenues d’effectuer ce type de relevés lorsque les éoliennes sont très proches des habitations. Le bruit est alors insupportable. Nous avons refusé, la présentation très « commerciale » du démarcheur nous a semblé bien louche. Alors nous nous sommes intéressés de plus près au mode de fonctionnement des lobbies éoliens. Et nous avons a vite vu où était le loup : argent facile, loyer énorme proposé pour un tout petit bout de terre….contrat ultra flou concernant le coût du démantèlement astronomique non pris en charge ( 450 000 euros dans 20 ans )… responsabilité du propriétaire… Nous avons donc commencé à en parler autour de nous. Nous avons organisé des réunions d’information, nous avons monté une association, nous avons publié des brochures pour informer la population. Bref, nous avons fait beaucoup de bruit, parce que nous trouvions que c’était une honte que des lobbies utilisent la crédulité des gens et surtout qu’ils se cachent derrière un projet vert.

Et quand ceux-ci ont vu que non seulement on disait « non » mais qu’en plus, on commençait à être franchement gênants, ils sont revenus nous voir pour nous proposer « des arrangements » :

– On vous enlève dans le projet l’éolienne que vous voyez depuis votre fenêtre, mais en

contrepartie, vous vous taisez, on signe un contrat dans ce sens et vous nous laissez construire les autres.

– On vous aide à aménager votre jardin, mais ensuite, sur les éoliennes, le contrat, le bail, il faudra se taire…

29 nov 2018

Témoignage de Jean Pierre Lamouroux, Ferme de Manclaux

« L’arnaque aux éoliennes sévit dans nos campagnes. Les pigeons, c’est nous !

Je m’appelle Jean-Pierre Lamouroux, et je suis agriculteur dans le Cantal. Avant de rencontrer les promoteurs, je ne savais pas que l’implantation des éoliennes étaient organisées par des sociétés privées. Je ne savais pas non plus que ces promoteurs cherchaient des terrains à louer sur toute la France pour y implanter les aérogénérateurs. Louer des terrains, le plus possible, et surtout ne pas les posséder, pour ne pas être responsable dans les années à venir.

Voici mon histoire : Il y a quelques années, j’ai accepté de signer une promesse de bail avec la société privée BXXx qui cherche à installer des éoliennes un peu partout en France en utilisant la crédulité des agriculteurs.

Je précise que toutes les sociétés d’installation fonctionnent de la même façon.

En apparence, le projet était très intéressant pour moi financièrement : on me promettait 8000 euros par aérogénérateur installé. Je n’ai donc pas trop regardé les petites lignes.

Voilà comment ça s’est passé. : la société BXX est venue me voir pour me faire signer une promesse de bail. A l’oral, et devant témoin, ils m’ont dit à l’oral que cela signifiait que si, après étude des terrains, ma parcelle était retenue, j’allais pouvoir toucher 8000 euros par éolienne, chaque année, pendant 30 ans. L’étude me donnait donc le temps de réfléchir, mais il fallait que je signe tout de suite.

J’ai donc signé. Le promoteur avait l’air rassurant. Ensuite, je me suis aperçu que cette promesse était comme un piège qui se refermait sur ma famille. Voici ce que j’ai découvert :

– Les 8000 euros promis par éolienne et pendant 30 ans, c’était uniquement si les aérogénérateurs tournaient 100 % du temps. Or, c’est impossible, surtout chez nous : le vent est rare, et il faut ajouter les jours de grand-froid, quand les pâles givrent, et les jours de vent trop fort, où elles sont également stoppées. Alors dans une région comme le Cantal, grand froid, grand vent ou pas de vent du tout, les arrêts sont fréquents ! Mais ils se sont bien gardés de me le dire, et le montant n’était pas indiqué de façon claire et nette sur le bail, il dépendait d’un savant calcul.

– En tout petit, il était écrit que le bail valait pour trente ans, renouvelables. Or, l’espérance de vie d’une éolienne est de 15 ans, et, en tant que propriétaire du terrain, je suis responsable de son démantèlement. Et comme le promoteur ne fait qu’installer mais revend l’exploitation à des investisseurs ensuite, eh bien les 450 000 euros de démantèlement par éolienne, c’est pour ma pomme.

-Ensuite, la société m’a affirmé à l’oral que j’avais le temps de réfléchir et de changer d’avis. En réalité, il n’en était rien. En effet j’ai découvert avec stupeur que la promesse de bail valait bail et entrait en vigueur le jour même de la signature !! Alors, quand j’ai voulu me rétracter, je me suis aperçu que ça allait être très difficile : j’ai fait appel à un avocat.

Mais ce n’est pas tout.

Avec mon épouse, nous n’avons pas d’enfants, et nous souhaitions vendre notre ferme. Or, avec le contrat qui nous liait aux éoliennes, la propriété devenait invendable : les futurs acheteurs ne voulaient pas prendre le risque de se retrouver avec une dette de près de 450 000 euros pour le démantèlement dans 10 ou 15 ans, car rien n’indiquait sur notre contrat qu’une telle somme serait prise en charge. C’est donc un troisième mensonge qui se dégageait de ce contrat. On ne m’avait pas dit que mes terres ne vaudraient plus rien !

Donc, nous avons voulu nous rétracter. A priori c’était impossible, des voisins à nous ont essayé, c’est pot de terre contre pot de fer. Mais comme le promoteur m’avait affirmé que la rétractation serait possible devant des témoins, il a été obligé de le faire, et nous remercions notre avocat pour son aide. Ce genre de publicité, ils n’aiment pas trop…ils savent manier la loi pour qu’elle soit toujours en leur faveur : dans la limite, juste ce qu’il faut.

La suite est digne d’un film ….Ils sont revenus. Et ils ont accepté de déchirer la promesse de bail.

Ensuite, ils ont fait une chose bien étrange : ils ont pris le document coupé en deux, et ils nous ont demandé de le brûler dans la cour de la ferme en leur présence. Pour qu’on ne puisse jamais fournir d’original à qui que ce soit. Je précise cependant que j’ai conservé une copie.

Voilà, j’espère que mon témoignage servira à d’autres propriétaires terriens. Ne vous faites pas avoir : on nous prend pour des pigeons. Méfiez-vous des promoteurs qui circulent dans nos campagnes. Elles fonctionnent toutes de la même façon, l’Etat leur donne quartier libre et les subventions qui vont bien. L’ intérêt de ces promoteurs, c’est de planter le plus d’éoliennes possibles, puis de revendre le tout à des fonds de pension ou investisseurs étrangers. Notre sort à nous, ils s’en fichent.

Merci de faire circuler. Les témoignages sont rares car les avocats des promoteurs très puissants.

Jean Pierre Lamouroux Ferme de Manclaux

Pour en savoir beaucoup plus :

https://www.loire-atlantique.gouv.fr/contenu/telechargement/50307/326894/file/T%C3%A9moignages+re%C3%A7us+par+Mme+S.BERGER.+Journaliste.pdf