Un nouveau projet près de Nailloux


Il est à l’étude depuis plus de quatre ans, maintenant. Pourtant, le projet éolien de Sieuraguel ne cesse de faire couler de l’encre dans le Lauragais.

Plus particulièrement du côté de Montgeard, Nailloux ou Saint-Léon. Et bien évidemment d’Aignes, un village de 242 âmes qui pourrait prochainement voir deux éoliennes de 176 m de haut s’ériger sur son territoire, entre l’A66 et la D25.

Un projet vu comme une « extension » du parc existant de Calmont qui compte déjà sept éoliennes. Un nombre bien suffisant pour certains habitants et élus qui refusent de voir d’autres dispositifs de ce genre fleurir autour d’eux. Mais la société Abo wind, qui en est à l’origine, est quant à elle convaincue de la « pertinence » et de la « cohérence » de l’opération.

Une quinzaine de « hameaux » impactés

Ce qui relance aujourd’hui le débat ? Ces « sessions d’information » que le porteur de projet a décidé d’organiser en marge de l’instruction du dossier de demande d’autorisation environnementale. La dernière en date remonte au mardi 21 novembre, la prochaine pourrait avoir lieu en début d’année.

Parmi la petite trentaine de participants à cette réunion, dont certains ont eu connaissance « par hasard » ou grâce au bouche-à-oreille, Florence Paullus et Alain Combacau. Ils font partie des six « hameaux » les plus impactés par le projet de Sieuraguel (fort impact). « L’éolienne la plus proche devrait être construite à 530 m de chez nous », rapportent-ils à Voix du Midi Lauragais.

Abo wind a réalisé des photomontages afin de permettre aux habitants et élus de mieux se rendre compte de l’impact visuel du projet. Florence Paullus et Alain Combacau, eux, les verront nettement depuis l’abri accolé à leur maison et même depuis leur salle à manger.

Un dispositif qu’ils verront depuis leur jardin – comme une dizaine de hameaux supplémentaires (impact modéré) d’Aignes, Nailloux, Saint-Léon et Montgeard –, mais aussi depuis la table de leur salle à manger. « La vue, c’est une chose. Mais ce qui sera le plus dérangeant, c’est le bruit, le flap-flap des pâles ! », estime Florence Paullus.

La question du bruit

« Je ne peux pas dire que les éoliennes ne génèrent pas de bruit, concède François Citerne, responsable de projet chez Abo wind. Mais à 500 m, la réglementation fait que celui-ci est censé s’inscrire dans l’atmosphère, l’ambiance (il ne doit pas dépasser 3 dB la nuit et 5 dB le jour, par rapport au bruit mesuré avant l’installation des éoliennes, NDLR). En tout cas, on fait en sorte qu’il s’inscrive dans la vie quotidienne. »

Le bruit ambiant, nous, on n’en a rien à faire. C’est dérisoire ! Par contre, toutes les trois secondes, une pâle passera devant le mât. Ce flap-flap, on va l’entendre constamment. Et pas que chez nous d’ailleurs : ce sera pareil pour Sainte-Germaine et Montussat (des lieux-dits situés à proximité, NDLR). Et ça, ce n’est pas pris en compte dans les études !

« Ce qui importe vraiment, ce n’est pas l’intensité du bruit, mais sa permanence et sa rémanence, abonde Christophe Vinson, président de l’association Vents contraires. On n’en parle pas, mais il y a aussi la problématique des infrasons que l’on n’entend pas. » 

Des mesures compensatoires

De son côté, Abo wind assure avoir planché sur toute une série de mesures compensatoires visant à réduire au maximum les différents impacts (visuels, auditifs, écologiques…) générés par les éoliennes.

« Pour la partie acoustique, nous disposons de deux solutions : la mise en place de serrations, des sortes de peignes métalliques installés sur les pâles, qui vont casser les turbulences et ainsi rendre le bruit plus aigu et moins important ; ou le bridage des équipements en fonction des conditions météorologiques et des créneaux horaires », énumère François Citerne.

Pour le côté environnemental et notamment la préservation de la faune, la plantation de haies peut être envisagée afin « d’écarter les chauves-souris » et les éloigner des éoliennes. « Il existe également des systèmes de caméra permettant de détecter les oiseaux. Lorsqu’ils sont trop près, les éoliennes ralentissent », ajoute-t-il.

Autant de mesures qui ne viendraient donc qu’en complément, dans le cas où cela serait nécessaire, de toutes les études réalisées lors de la conception du projet.

Nous travaillons en amont à la meilleure manière d’implanter les éoliennes. Ce n’est pas fait au hasard, insiste le responsable de projet. On fait toujours en sorte d’inscrire nos parcs dans l’environnement existant, de nous adapter et de réduire au maximum l’impact.

Quatre maires unis

Un discours qui n’est pas pour convaincre habitants et élus qui suivent de près le projet éolien de Sieuraguel et se disent exténués face à ce sujet récurent. « De jour en jour, on ne cesse de nous présenter des cartes avec des éoliennes sur la commune. On en a encore eu une, pas plus tard que le mois dernier. Maintenant, ça suffit ! », tonne le maire d’Aignes, Patrice Ramond.

Bien des propriétaires craignent de voir leur propriété, qui pour beaucoup ont une vue imprenable sur la chaîne des Pyrénées, dépréciée une fois les éoliennes construites.

« On n’a pas changé de ligne : on ne veut pas de ces éoliennes sur notre territoire, soutient son homologue de Saint-Léon, Françoise Cases. Pour nous (les communes de Saint-Léon, Nailloux et Montgeard, qui ont adressé avec Aignes une lettre au préfet de la Haute-Garonne en mai 2022, NDLR), l’impact sera surtout visuel. On est déjà dans l’axe de celles de Calmont, on n’a pas envie d’en avoir d’autres en plus. Et comme ce couloir-là est favorable, si l’on dit oui maintenant, je suis persuadée que ce sera la porte ouverte à d’autres projets. »

Un « manque de communication »

« On sait que l’on a besoin des énergies renouvelables, on n’est pas contre cela, tempère la maire de Nailloux, Lison Gleyses. Ce qui nous dérange, c’est la façon dont ce projet a été mené, la méthode employée depuis le départ d’imposer les choses, sans concertation, sans écoute de la population… »

Un point que réfute François Citerne : « Les relations sont assez complexes, car l’on se retrouve face à des personnes qui sont dans l’opposition. Nous avons essayé de faire au mieux en distribuant 120 à 150 exemplaires de nos bulletins d’information directement dans les boîtes aux lettres, mais aussi dans les mairies limitrophes, en affichant les annonces de nos réunions… Mais on ne peut pas faire la communication à la place des communes. »

Il conclut : « Puis, la très grande majorité des habitants sont assez indifférents, ce n’est pas un projet qui mobilise beaucoup. »

Christophe Vinson dénombre pourtant « un peu moins de 150 membres et le double de partisans » au sein de son association Vents contraires. « C’est le pot de terre contre le pot de fer, cette histoire, résume Florence Paullus. Mais on est convaincus qu’il n’est pas trop tard. On a fait appel à une avocate, on est prêts à aller au tribunal s’il le faut. »

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