On se doutait un peu de la réponse pour la demande d’autorisation environnementale d’exploiter un parc éolien de 3 aérogénérateurs dans les communes d’Izel-lès-Equerchin et Quiéry-la-Motte.
La commissaire-enquêtrice a donc conclu, le 6 janvier, que le projet de la Vallée de l’Escrebieux était acceptable. Ce qui veut évidemment dire que les promoteurs ne peuvent que se réjouir de cet avis.
Donc, pour nous, la bataille continue !!!
C’est d’autant plus vrai que les arguments développés sont très critiquables.
Dans les jours à venir, nous nous attacherons à expliquer notre position.
Bien entendu, il reste encore à connaître l’avis du Préfet. Nous nous attacherons à lui faire part de nos remarques, suite aux conclusions de la commissaire.
Cela n’enlève rien au fait qu’il faudra continuer à montrer notre opposition à ce projet.
Réunissant les services de l’Etat, les Parcs naturels régionaux et les opérateurs, l’Instance de concertation régionale sur la radiotéléphonie mobile rend un avis sur l’impact paysager de chacun des projets du territoire. L’objectif est de trouver la meilleure implantation possible des antennes relais. Une instance de médiation entre les collectivités territoriales et les opérateurs, peut également se réunir, sur demande écrite du maire ou du président de l’EPCI, pour un dialogue renforcé et une solution consensuelle. Une plaquette publiée par les Parcs à l’intention des élus rappelle les différentes étapes d’un projet (de l’instruction à la publication de l’avis) et liste plusieurs réflexes à avoir pour préserver les paysages :
• rechercher les points hauts existants pour éviter l’implantation de nouveaux pylônes (clochers d’église, châteaux d’eau, pylônes RTE, hangars)
• si l’implantation d’un nouveau mât est inévitable, l’adosser de préférence à un massif boisé
• mutualiser ou favoriser la cohabitation de plusieurs opérateurs sur un même support, lorsque la structure le permet et que le site correspond à la zone de recherche de l’opérateur.vérifier les arrêtés préfectoraux de protection de biotope qui interdisent toutes constructions
• proscrire les matériaux brillants
• peindre les antennes et les faisceaux hertziens de la même couleur que le support
• doubler la clôture de la zone technique avec une haie d’arbustes d’essences locales côté extérieur.
Je prendrai l’exemple du parc naturel régional des Volcans d’Auvergne qui, avec ses 400 000 hectares, est l’un des plus grands parcs naturels d’Europe. Je ne peux pas supporter que l’on installe des éoliennes dans son périmètre. Je ne peux pas supporter que des tonnes de béton soient coulées à l’intérieur de cette terre -les fondations de chaque éoliennes, rappelons-le, réclament 800 tonnes de béton ! Réfléchissez donc avant d’implanter des éoliennes dans ces parcs naturels !
Pierre Cordier
Je rejoins Jean Yves Bony. Ma circonscription dans la département des Ardennes est couverte dans son intégralité par un parc naturel régional. Une association de préfiguration s’est d’abord montée, puis, un jour, nous avons eu le bonheur de voir madame Nathalie Kosciusko-Morizet débarquer pour nous annoncer la bonne nouvelle de la création du parc. Ouvrir la possibilité d’installer des éoliennes dans l’enceinte de ces espaces protégés, alors que tout le monde se bat pour y préserver une certaine qualité de vie et protéger les animaux, nous choque. Je citerai à nouveau de terrible chiffre : pour chaque éolienne, il y a une moyenne annuelle de 27 oiseaux retrouvés morts après être entrés en collision avec les pales. Il serait paradoxal d’installer des éoliennes et d’aboutir à ce résultat alors que l’on cherche à protéger sur ces territoires, à juste titre sans doute, les grives et les hiboux grands-ducs. Nos concitoyens en général et les Ardennais en particulier ne le comprendraient pas.
Émilie Bonnivard
Je rejoins mes collègues sur la nécessité d’interdire l’installation d’éoliennes dans les parcs naturels nationaux ou régionaux. Pour vous donner un exemple d’actualité, en Maurienne, dans ma circonscription, les élus locaux découvrent qu’une zone spéciale de carrière (ZSC) sera créée sur leurs communes, dans le cadre d’un dispositif visant à autoriser l’exploitation de carrières. Vous avez dit qu’il fallait faire confiance aux élus locaux, qui sont bien informés ; mais en réalité, cela ne se passe pas toujours ainsi. Dans le cadre des projets d’intérêt général, l’État lance les opérations avec les entreprises concernées et les élus se trouvent mis devant le fait accompli – dans le cas que je viens d’évoquer, la création d’une carrière à côté d’un parc national. C’est tout bonnement ahurissant ! Je vis cette situation dans mon territoire, où nous avons été confrontés du jour au lendemain à cette ZSC. Nous sommes démunis. Nous aurions aimé disposer par anticipation d’une meilleure information sur un projet de ce type, qui affecte considérablement le territoire. Je crains que nous ne fassions exactement la même chose avec des éoliennes qui seront implantées au sein de parcs nationaux. C’est ahurissant.
La rapporteure publique a demandé à la Cour administrative d’appel de laisser du temps à la société Valorem pour amender son dossier pour le parc éolien de Chaumes-en-Retz.
Les opposants aux cinq éoliennes qui doivent voir le jour à Chaumes-en-Retz (Loire-Atlantique) ont demandé à la Cour administrative d’appel de Nantes, ce mardi 20 décembre 2022, d’annuler l’autorisation environnementale qui avait été octroyée au projet en juin 2021 par la préfecture de la Loire-Atlantique.
Pour commencer, la rapporteure publique — dont les avis sont souvent suivis par les juges — n’a rien trouvé à redire sur les capacités financières de la société Chaumes Énergies, une « société de projet » dont le capital social « se limite » pourtant à 1000 € : il s’agit en fait d’une « société-fille » du groupe Valorem, dont le capital social est lui de 9,5 millions d’euros.
Valorem va ainsi avoir recours à « l’emprunt bancaire » pour financer « entre 18 et 23 millions d’euros » pour son projet de parc éolien de Chaumes-en-Retz, dont le coût est évalué entre 23 et 26 millions d’euros. « Le reste » le sera « sur ses fonds propres », atteste le groupe. Un « schéma très classique » de financement pour les parcs éoliens, a commenté la magistrate.
Concernant l’impact des éoliennes sur la production des « vingt-deux » exploitations agricoles des alentours, la magistrate a reconnu que « la baisse de production » ou « la hausse de la mortalité » des cheptels était « un phénomène bien réel » pour les élevages situés à proximité des parcs, mais « aucun lien » direct et certain n’a pu être fait à ce jour par les scientifiques.
Un secteur « beaucoup trop chargé en fuites électromagnétiques »
Dans le dossier de Chaumes-en-Retz, les opposants ont toutefois « fait l’effort » de produire un rapport d’un « électrotechnicien » et d’un « géobiologue » pour qui « le secteur est beaucoup trop chargé en fuites électromagnétiques ».
La présence de « failles » dans ce « sol granitique » et la proximité d’une « zone marécageuse » ne vont rien arranger, selon eux.
Reste que cette pièce demeure « isolée » dans le dossier, et que la « qualification » des auteurs du rapport pour porter un tel jugement n’est « pas justifiée » par les requérants.
« Comme tous réseaux électriques (…), la présence d’aérogénérateurs et de câbles électriques interéoliens implique l’existence de champs (…) magnétiques », reconnaît lui-même l’exploitant dans son dossier de demande d’autorisation environnementale. Mais « en raison des faibles niveaux de tensions et des faibles courants transitant, mais également des technologies choisies, ces champs deviennent très rapidement négligeables dès lors qu’on s’éloigne de quelques mètres. »
Valorem a aussi prévu de faire passer des câbles électriques sur une passerelle par-dessus le « microvallon » au milieu duquel coule « La Blanche », le cours d’eau le plus proche des éoliennes : une buse ne serait « pas acceptable » d’un point de vue environnemental dans cette zone « en tête de bassin versant », a expliqué lors de l’audience la rapporteure publique.
Les pâles des éoliennes vont « frôler » le haut des haies
La magistrate s’inquiète en fait davantage pour les chauves-souris du secteur : les pales de ces éoliennes de 150 mètres de haut vont « frôler » les haies qui sont au sol, assure-t-elle, et seize espèces protégées ont été recensées par le Groupe mammalogique breton (GMB), une association qui défend les « mammifères sauvages » en Bretagne.
Chaumes-en-Retz est par ailleurs située sur « un axe migratoire significatif », ce qui augmente les risques de collisions avec les pales des éoliennes. Or, certaines espèces pratiquent « le vol en altitude à hauteur des rotors » des éoliennes et la mortalité « élevée » qui a été constatée sur les parcs éoliens de La Marne et de La Limouzinière n’est pas de nature à la rassurer…
La Mission régionale d’autorité environnementale (MrAe) avait d’ailleurs déjà pointé ce problème, dans un avis rendu en juin 2020. « La description de l’état initial ne présente pas d’écoutes de l’activité des chiroptères [chauves-souris, ndlr] en altitude, ce qui constitue une lacune importante », mettait-elle en garde les services en charge de l’instruction du dossier.
Au final, le « plan de bridage particulièrement strict » que l’exploitant se serait vu imposer par la préfecture de la Loire-Atlantique et le « classique suivi de la mortalité » des animaux n’est pas suffisant pour lever les doutes de la rapporteure publique : l’insuffisance du « diagnostic » de l’état initial du site est « constitutive d’une illégalité ».
Des « vices » qui restent « tout à fait régularisables »
Une autre « insuffisance », mais « heureusement plus circonscrite », a aussi été relevée par la magistrate : les nuisances sonores n’ont été évaluées la nuit que dans le cas où les éoliennes seraient bridées.
« Il serait (…) utile d’indiquer les niveaux obtenus sans bridage afin d’évaluer l’efficacité attendue des mesures envisagées », avait déjà dit la MrAe sur ce point.
« Cette lacune est très localisée mais essentielle pour les riverains », a confirmé la rapporteure publique à propos de cette « vraie problématique ».
Au final, elle a donc préconisé d’annuler intégralement le volet de l’étude d’impact sur les chauve-souris et celui relatif aux « nuisances sonores » des éoliennes « en période nocturne ».
Ces « vices » demeurent toutefois « tout à fait régularisables » et ne justifient pas l’annulation totale de l’autorisation complète délivrée par la préfecture, a pris soin de préciser la magistrate.
Elle a donc préconisé aux juges de donner dix-huit mois à Valorem pour reprendre son dossier et le soumettre à la préfecture.
Pour le reste, la rapporteure publique n’a rien trouvé à redire au projet de Valorem, notamment la « compensation » écologique de son projet.
Des « compensations » environnementales sur l’île Mandine, à Bouguenais
L’exploitant veut « transformer 1,05 ha de peupleraies » sur l’île Mandine, en rive sud de la Loire à Bouguenais, en 5000 m² de « prairies humides » ou de « roselières ».
C’est déjà sur ce site qu’il comptait « compenser » son parc éolien de Rouans et que RTE (Réseau de transport d’Électricité) pour l’agrandissement du poste électrique de Brains.
La végétation va aussi constituer un « masque visuel » entre les éoliennes et les riverains, et il n’y aura « pas d’effet de surplomb » avec leurs habitations. Leur avocate n’a pas fait d’autres observations à l’audience que celles déjà mentionnées dans ses mémoires écrits.
L’avocate de Valorem, pour sa part, a confirmé que les éoliennes vont « dépasser les seuils réglementaires » la nuit mais que le « bridage strict » qui a été imposé par les services de l’État va « permettre de respecter les valeurs » maximales autorisées. « Le bridage ne se fait pas en fonction des heures de la journée, mais en fonction de la vitesse du vent », a-t-elle insisté.
La Cour administrative d’appel de Nantes, qui a mis sa décision en délibéré, rendra son arrêt dans un mois environ.
Les exploitations requérantes sont précisément la SCEA des Brosses et les quatre GAEC de Malhara, du Bois-Noir, de La Boule des Houx et de Grand’Lande. Joël Gautier, Caroline Verney, Michel et Claudine Dousset, Johan et Lucie Tabourin, Sylvain Ravier, Fabienne Legris, Franck Morin, Yves Lefeuvre, Vincent Briand et Christian Bruneteau sont aussi parties prenantes à titre personnel.
L’année 2022 a commencé difficilement dans le domaine de la lutte contre les éoliennes INDUSTRIELLES.
Nous avions déjà appris en 2021 qu’il y avait un projet d’implantations de trois éoliennes INDUSTRIELLES dans la Vallée de l’Escrebieux ; plus précisément deux à Izel-lès-Equerchin et une à Quiéry-la-Motte.
Nos avons mis du temps à réagir car nous pensions que l’enquête publique n’aurait lieu qu’en mars 2023 -ce qui était dans le calendrier prévisionnel des promoteurs.
Comme le pouvoir en place veut accélérer les procédures, comme les initiateurs du projet ne demandent pas mieux, nous avons constaté que l’enquête publique a été avancée au 7 novembre 2022.
Nous avons donc accéléré notre vitesse de croisière. Cela fut un peu facilité par le fait que le site de l’association ESCREBIEUX a été mis en place bien avant le 7 novembre. Le premier article est paru le 9 octobre.
Nous avons distribué beaucoup de tracts ; notamment sur Izel et Quiéry, mais aussi dans les endroits qui allaient être impactés par la vue des éoliennes ; donc à Beaumont, Bois-Bernard et Drocourt.
Cela a porté ses fruits globalement. Comme nous voulions marquer le coup, nous avions envisagé de faire une démonstration-rassemblement le 19 novembre ; donc pendant la période de l’enquête publique. Nous n’avons pas été gâtés par le temps puisque, ce jour-là, il y avait beaucoup de vent. Nous voulions montrer la hauteur d’une éolienne (200 m) à l’aide de ballons gonflables. Ce ne fut pas une réussite car le vent a empêché la montée des ballons. Ce jour-là nous pouvions dire que l’un des promoteurs du projet, Intervent, avait acheté le vent ! Ce ne fut pas un échec total, bien loin de là. Nous avons vu venir une cinquantaine de personnes qui ont bravé le temps et un début de pluie. Par ailleurs, trois médias se sont déplacés et ont écrits des articles intéressants.
Nous avons ensuite donné des arguments pour que de nombreuses personnes puissent faire part de leur oppositions à ce projet durant l’enquête publique. Le site est rempli d’articles montrant le sens de notre combat.
L’enquête publique s’est terminée donc le 7 décembre. Nous avons pu constater que des communes limitrophes avaient manifesté leur opposition au projet : notamment Bois-Bernard, Drocourt, Fresnes, Neuvireuil et Vitry. Hénin n’a pas donné signe de vie -bizarre quand on sait que le maire de la commune est adhérent d’un parti politique qui se dit opposé à l’implantation d’éoliennes !
Nous avons appris que le conseil municipal d’Izel a émis un avis favorable au projet. C’était prévisible puisqu’ils avaient déjà accepté, avant 2020, l’implantation. Le problème était différent à Quiéry car il y avait eu beaucoup de changement dans la composition de l’équipe municipale et parce que l’équipe précédente n’avait pas joué le jeu de la transparence sur le dossier. Donc on attendait avec patience le résultat du vote de la nouvelle équipe. On n’a pas été déçu. On a eu la surprise de constater que le conseil a émis un vote défavorable au projet.
Bien entendu, ce fut la bonne nouvelle de la fin de l’année 2022.
Mais il ne faut surtout pas déjà crier victoire.
Chacun sait que les décisions de conseils municipaux ne sont que consultatives. Les mairies n’ont plus de pouvoir dans le domaine des projets d’éoliennes (tout comme dans celui des implantations des antennes-relais). Les promoteurs peuvent passer outre et s’adresser -directement- aux propriétaires des parcelles concernées. C’est évidemment ce qu’ils ont fait, tout en essayant de garder de bons rapports avec les mairies … qu’ils arrosent avec des subventions.
Que faire durant cette année 2023 ?
Nous avons gagné une bataille, mais nous n’avons pas encore gagné la guerre.
Cela veut dire qu’il faut rester vigilant, agir encore et encore. Cela veut dire qu’il faut continuer à dire que plus de 70 % des habitants contactés des communes directement concernées sont opposés au projet.
Cela veut dire qu’il faut encore agir avant que le Préfet donne son point de vue.
Bien sûr, on va étudier sérieusement ce que va écrire la commissaire-enquêtrice. Elle aura eu un mois pour étudier le dossier et donner son point de vue, à la lecteur des éléments écrits déposés durant l’enquête publique. Donc, elle donnera ses conclusions normalement le 7 janvier… dans quelques jours !
Au sujet des conclusions après les enquêtes publiques, il faut savoir que, très souvent, les commissaires vont dans le sens des promoteurs. Donc, il faut attendre ce qui s’écrira le 7 janvier. Il est possible que la commissaire soit sensible aux arguments développés contre le projet.
ATTENDONS la décision de la commisaire-enquêtrice. Mais ne baissons pas la garde car l’avis de la commissaire n’est qu’un élément mis à la disposition du préfet. Il faut donc continuer, continuer et continuer encore.
Et il faudra continuer, même si le préfet ne veut pas entendre nos arguments. Nous avons des arguments, nous les développerons jusqu’à la fin de la bataille.
Nous avons l’envie de gagner. Nos arguments ont été assez expliqués, distribués. Mais il faudra encore expliquer et agir.
En face, nous avons des promoteurs qui nous méprisent. Il faut rappeler ce qu’ils osent écrire :
« Plusieurs observations font état d’une inquiétude par rapport à une évolution qu’ils jugeraient négative de leur cadre de vie (perturbation visuelle, acoustique, santé). Ces remarques (nuisances visuelles, sonores…) reposent principalement sur des postulats diffusés par les opposants que l’éolien est à la fois inutile et source de nuisances. Le comportement de ces personnes est souvent qualifié de NIMBY (Not in my back yard). Ce sont fréquemment des personnes qui n’intègrent pas complètement le tissu social local qui les héberge. Leur souci principal affiché est la protection du paysage, pour les années à venir, dans l’état « naturel » qu’ils connaissent. Pour eux, la seule activité compatible avec leur vision de la nature est le tourisme, car c’est lui qui valorise le côté esthétique de la campagne. La protection de la beauté de la nature est le dénominateur qui réunit tous les détracteurs de l’éolien. Ces personnes ont une opinion prédéterminée et considèrent que l’éolien industriel n’a pas sa place à la campagne. Bien souvent, les interrogations et les réticences locales proviennent aussi d’un manque de communication des pouvoirs publics pour expliquer au grand public les enjeux auxquels nous sommes collectivement confrontés et qui ont abouti à la mise en place de politiques gouvernementales pour développer les énergies renouvelables. Ce manque de communication claire et régulière sur les choix énergétiques de la France et leur justification par les pouvoirs publics, laisse libre le champ de la communication aux opposants aux projets éoliens qui diffusent via Internet des informations erronées, incomplètes, alarmistes et source d’anxiété auprès du public en recherche d’information. »
Ces propos ont été commentés dans un article en date du 7 novembre :
Pour résumer en peu de mots, il suffit de citer ce qu’écrivait un adhérent de l’association ESCREBIEUX :
« Ce sont des propos infamants, diffamatoires, humiliants… »
Ces propos montrent bien que, n’habitant pas la région, ces promoteurs n’ont pas beaucoup d’arguments à nous opposer ; ils se posent en donneurs de leçons vis à vis des habitants et -aussi- des pouvoirs publics. Ils pensent avoir la vérité, toute la vérité. Ils manipulent le cynisme pour tenter de nous écraser.
Ce ne sera pas facile de nous faire taire. L’année 2023 le montrera.
Il y a encore beaucoup de pain sur la planche. Plus nous serons nombreuses et nombreux, plus nous pourrons agir efficacement. C’est le souhait que nous émettons pour cette année qui commence.
Rendons à César ce qui est à César : L’idée originale de cet ouvrage est née du collectif 34-12 pour promouvoir d’autres énergies renouvelables que l’éolien, en particulier la géothermie. Marcel Caron qui coordonne la publication du livre a été un des participants actifs de cette commission énergie. Le collectif TNE Occitanie Environnement se félicite de ce travail d’élaboration. Il en assure volontiers la promotion, sans en revendiquer la paternité.
Aujourd’hui, deux petits chapitres complémentaires qui finalisent la publication en ligne. Le premier concerne la chaleur renouvelable, un vecteur énergétique méconnu, qui vient compléter le deuxième chapitres. Le second, le tout électrique, indique les potentialités et les limites d’un modèle énergétique basé sur la seule électricité.
Chapitre 3 Les énergies renouvelables pilotables
4ième partie : La chaleur renouvelable, un vecteur énergétique méconnu
C’est une énergie à laquelle on ne pense guère et qui pourtant satisfait 45 % de nos besoins en énergie.
La chaleur est utilisée de deux manières principales : la plus connue est celle du chauffage des bâtiments et de l’eau chaude sanitaire, mais elle l’est aussi comme vecteur d’énergie dans l’industrie où il est nécessaire d’élever la température de produits. Elle peut être produite, par des combustibles le plus souvent, ou récupérée.
Dans l’industrie, la chaleur résiduelle, dite fatale (parce que inutilisée le plus souvent), provient, dans l’ordre, des fumées de fours, des buées de séchoirs et des fumées de chaudières. Sa valorisation permettrait de sérieux progrès.
Les calculs qui ont été faits à ce sujet montrent que plus du tiers de la consommation de combustibles dans l’industrie est rejetée sous forme de chaleur fatale. C’est pourquoi il serait particulièrement intéressant de la récupérer, ce d’autant plus qu’à l’échelle mondiale, environ 10 % des émissions de GES (gaz à effet de serre) proviennent aujourd’hui de la production de cette chaleur, soit autant que les GES combinés des voitures et des avions.
Ce gisement correspond à 70 % de la chaleur déjà diffusée dans les réseaux, ce qui est loin d’être négligeable.
La décarbonation industrielle passe donc inévitablement par son utilisation dans des réseaux de chaleur urbains, en particulier dans les agglomérations proches des sites industriels (près de 500 communes sont desservies en France, dont beaucoup qui utilisent la géothermie).
Les autres sources de chaleur utilisables sont le solaire thermique, la chaleur du sous-sol, et celle qui est produite par la biomasse… Elles sont développées dans d’autres chapitres, dont celui consacré au stockage de l’énergie (dans une partie consacrée au stockage de la chaleur).
Il est particulièrement important de développer ces solutions, car la consommation finale de chaleur constitue près de la moitié des usages énergétiques en France (près de 45 % de la demande totale d’énergie finale). C’est d’autant plus important qu’une grande partie du chauffage des logements et des locaux du tertiaire utilise encore le fuel ou le gaz, générateurs de GES.
Il serait donc efficace qu’elles soient davantage soutenues par les pouvoirs publics qui aident les filières chaleur 8 fois moins que les EnR électriques.
Avant de conclure, on ne peut que constater que l’électricité va prendre une place de plus en plus grande dans la consommation d’énergie dans le monde. La tendance manifeste est d’abandonner les énergies fossiles (dont les réserves s’épuisent de toute façon). Les décisions prises par les gouvernements vont dans ce sens. Elles consistent par exemple à interdire l’utilisation du gaz et du fuel pour le chauffage des immeubles et à faire pression sur l’industrie de l’automobile pour qu’elle produise une proportion de plus en plus grande de véhicules électriques. Ainsi, selon une étude récente du cabinet d’études Roland Berger, la part de l’électricité dans les transports devrait passer de 1% en 2000 à 13% en 2040, dans l’industrie de 19 à 28% et dans le bâtiment de 24 à 53% (Transitions et Energies N° 7). Cela peut ne pas paraitre très rapide, mais la mutation profonde que cela provoque, dans l’industrie en particulier, demande du temps.
Inexorablement, la demande d’électricité croît : depuis deux décennies, elle a augmenté presque deux fois plus vite que la demande totale d’énergie avec une augmentation de 3% par an. Toujours selon Roland Berger, l’électricité représentera 31% de la consommation d’énergie dans le monde en 2040 contre environ 21% aujourd’hui. En France, le taux d’électrification s’élève déjà à 27% et pourrait atteindre 50% en 2050 selon EDF.
Et cela se comprend puisque l’efficacité énergétique des technologies électriques est trois à cinq fois supérieure à celle des technologies utilisant des énergies fossiles : par exemple, 80 à 90% de l’électricité consommée sert effectivement à propulser les véhicules électriques, alors que pour les véhicules à moteur thermique, ce ratio n’est que de 20 à 25%.
Il n’empêche, la demande, très forte, risque de dépasser l’offre puisque pour satisfaire aux besoins de recharge d’un million de voitures électriques, il faut environ 1 gigawatt (GW) de puissance électrique installée. C’est globalement l’équivalent de la puissance d’un réacteur nucléaire. Sachant qu’il circule en France, quelque 38 millions de véhicules particuliers, cela donne une idée de la puissance qui reste à installer dans les années à venir si l’on s’oriente vers un parc automobile totalement électrique dans notre pays qui dispose actuellement d’une puissance nucléaire installée d’environ 60 GW…
… et que les technologies de l’information consommeront, selon les scientifiques, d’ici 2030, 21 % de l’électricité produite dans le monde (en 2021, ce taux est d’environ 7,5 %)… En effet, projetons-nous dans un avenir pas très éloigné : pour les professionnels du secteur de l’automobile et des nouvelles technologies, le véhicule électrique ne peut être considéré isolément, il n’est qu’une facette d’une « révolution » imminente, résumée par un acronyme à la mode : la voiture autonome et connectée ACES (autonomous, connected, electric and shared – shared, partagé).
« Il ne fait plus de doute que le véhicule connecté, zéro émission [électrique]
et 100 % autonome sera une réalité dans un horizon proche », affirme ainsi un regroupement d’entreprises…
Ce qui entraînerait une augmentation de la consommation d’énergie induite par les data centers, les terminaux et les réseaux, de 9 % par an… malheureusement accompagnée d’une augmentation importante de production de CO2 (Le Shift Project a montré que la part du numérique dans les émissions de CO2 était déjà en 2018 de 3,7 %, soit plus que le transport aérien (2,5 %). « Tout le monde est d’accord sur le fait que les véhicules autonomes seront très voraces en électricité » (Reporterre 2021).
… sans oublier la prolifération prévisible des climatiseurs.
Apparemment, l’électrification à outrance, dans une société de surconsommation, au lieu de résoudre les problèmes, ne fait qu’en créer, en raison des effets rebonds. Cependant, il n’y a pas d’autre alternative.
L’électricité ne sera concurrencée que par la production de chaleur, qui pourrait atteindre tout de même une proportion non négligeable de l’énergie finale consommée (rappelons que les usages de la chaleur sont actuellement de l’ordre de 45 % de celle-ci) et l’énergie produite par la biomasse qui cependant n’atteint actuellement même pas 1 %.
Enfin, l’avantage de l’électricité est de produire bien moins de gaz à effet de serre que les énergies fossiles (pour autant qu’elle ait été produite de manière décarbonée).
Ceci dit, la grande question reste de savoir comment produire l’énorme quantité d’électricité qui sera nécessaire.
Commentaire à propos du paragraphe « Conclusions »
Cela se termine par : « la grande question reste de savoir comment produire l’énorme quantité d’électricité qui sera nécessaire »
Il vaudrait mieux se poser la question : comment faire pour ne pas être addict à l’électricité ? Comment faire pour être économe ? Comment faire pour être sobre, comme dirait le président de la République qui a découvert sur le tard cet adjectif.
Des pistes ont déjà été proposées dans la partie 3 de l’article paru le 18 décembre :