Le livre sur les énergies renouvelables


Rendons à César ce qui est à César : L’idée originale de cet ouvrage est née du collectif 34-12 pour promouvoir d’autres énergies renouvelables que l’éolien, en particulier la géothermie. Marcel Caron qui coordonne la publication du livre a été un des participants actifs de cette commission énergie. Le collectif TNE Occitanie Environnement se félicite de ce travail d’élaboration. Il en assure volontiers la promotion, sans en revendiquer la paternité.

Aujourd’hui, deux petits chapitres complémentaires qui finalisent la publication en ligne. Le premier concerne la chaleur renouvelable, un vecteur énergétique méconnu, qui vient compléter le deuxième chapitres. Le second, le tout électrique, indique les potentialités et les limites d’un modèle énergétique basé sur la seule électricité.

Chapitre 3 Les énergies renouvelables pilotables

4ième partie : La chaleur renouvelable, un vecteur énergétique méconnu

https://toutesnosenergies.fr/wp-content/uploads/2022/12/Livre_EnR_chaleur-renouvelable.pdf

C’est une énergie à laquelle on ne pense guère et qui pourtant satisfait 45 % de nos besoins en énergie.

La chaleur est utilisée de deux manières principales : la plus connue est celle du chauffage des bâtiments et de l’eau chaude sanitaire, mais elle l’est aussi comme vecteur d’énergie dans l’industrie où il est nécessaire d’élever la température de produits. Elle peut être produite, par des combustibles le plus souvent, ou récupérée. 

Dans l’industrie, la  chaleur résiduelle, dite fatale  (parce que inutilisée le plus souvent),  provient, dans l’ordre,  des fumées de fours, des buées de séchoirs et des fumées de chaudières. Sa valorisation permettrait de sérieux progrès.

Les calculs qui ont été faits à ce sujet montrent que plus du tiers de la consommation de combustibles dans l’industrie est rejetée sous forme de chaleur fatale. C’est pourquoi il serait particulièrement intéressant de la récupérer, ce d’autant plus qu’à l’échelle mondiale, environ 10 % des émissions de GES (gaz à effet de serre) proviennent aujourd’hui de la production de cette chaleur, soit autant que les GES combinés des voitures et des avions.

Ce gisement correspond à 70 % de la chaleur déjà diffusée dans les réseaux, ce qui est loin d’être négligeable.

La décarbonation industrielle passe donc inévitablement par son utilisation dans des réseaux de chaleur urbains, en particulier dans les agglomérations proches des sites industriels (près de 500 communes sont desservies en France, dont beaucoup qui utilisent la géothermie).

Les autres sources de chaleur utilisables sont le solaire thermique, la chaleur du sous-sol, et celle qui est produite par la biomasse… Elles sont développées dans d’autres chapitres, dont celui consacré au stockage de l’énergie (dans une partie consacrée au stockage de la chaleur).

Il est particulièrement important de développer ces solutions, car la consommation finale de chaleur constitue près de la moitié des usages énergétiques en France (près de 45 % de la demande totale d’énergie finale). C’est d’autant plus important qu’une grande partie du chauffage des logements et des locaux du tertiaire utilise encore le fuel ou le gaz, générateurs de GES.

Il serait donc efficace qu’elles soient davantage soutenues par les pouvoirs publics qui aident les filières chaleur 8 fois moins que les EnR électriques.

Conclusions

Vers le « Tout électrique » ? 

https://toutesnosenergies.fr/wp-content/uploads/2022/12/Livre_EnR_Tout-electrique.pdf

Avant de conclure, on ne peut que constater que l’électricité va prendre une place de plus en plus grande dans la consommation d’énergie dans le monde. La tendance manifeste est d’abandonner les énergies fossiles (dont les réserves s’épuisent de toute façon). Les décisions prises par les gouvernements vont dans ce sens. Elles consistent par exemple à interdire l’utilisation du gaz et du fuel pour le chauffage des immeubles et à faire pression sur l’industrie de l’automobile pour qu’elle produise une proportion de plus en plus grande de véhicules électriques. Ainsi, selon une étude récente du cabinet d’études Roland Berger, la part de l’électricité dans les transports devrait passer de 1% en 2000 à 13% en 2040, dans l’industrie de 19 à 28% et dans le bâtiment de 24 à 53% (Transitions et Energies N° 7).  Cela peut ne pas paraitre très rapide, mais la mutation profonde que cela provoque, dans l’industrie en particulier, demande du temps.

Inexorablement, la demande d’électricité croît : depuis deux décennies, elle a augmenté presque deux fois plus vite que la demande totale d’énergie avec une augmentation de 3% par an. Toujours selon Roland Berger, l’électricité représentera 31% de la consommation d’énergie dans le monde en 2040 contre environ 21% aujourd’hui. En France, le taux d’électrification s’élève déjà à 27% et pourrait atteindre 50% en 2050 selon EDF.

Et cela se comprend puisque l’efficacité énergétique des technologies électriques est trois à cinq fois supérieure à celle des technologies utilisant des énergies fossiles : par exemple, 80 à 90% de l’électricité consommée sert effectivement à propulser les véhicules électriques, alors que pour les véhicules à moteur thermique, ce ratio n’est que de 20 à 25%.

Il n’empêche, la demande, très forte, risque de dépasser l’offre puisque pour satisfaire aux besoins de recharge d’un million de voitures électriques, il faut environ 1 gigawatt (GW) de puissance électrique installée. C’est globalement l’équivalent de la puissance d’un réacteur nucléaire. Sachant qu’il circule en France, quelque 38 millions de véhicules particuliers, cela donne une idée de la puissance qui reste à installer dans les années à venir si l’on s’oriente vers un parc automobile totalement électrique dans notre pays qui dispose actuellement d’une puissance nucléaire installée d’environ 60 GW…

… et que les technologies de l’information consommeront, selon les scientifiques, d’ici 2030, 21 % de l’électricité produite dans le monde (en 2021, ce taux est d’environ 7,5 %)… En effet, projetons-nous dans un avenir pas très éloigné : pour les professionnels du secteur de l’automobile et des nouvelles technologies, le véhicule électrique ne peut être considéré isolément, il n’est qu’une facette d’une « révolution » imminente, résumée par un acronyme à la mode : la voiture autonome et connectée ACES (autonomous, connected, electric and shared – shared, partagé). 

« Il ne fait plus de doute que le véhicule connecté, zéro émission [électrique] 

et 100 % autonome sera une réalité dans un horizon proche », affirme ainsi un regroupement d’entreprises…

Ce qui entraînerait une augmentation de la consommation d’énergie induite par les data centers, les terminaux et les réseaux, de 9 % par an… malheureusement accompagnée d’une augmentation importante de production de CO2 (Le Shift Project a montré que la part du numérique dans les émissions de CO2 était déjà en 2018 de 3,7 %, soit plus que le transport aérien (2,5 %). « Tout le monde est d’accord sur le fait que les véhicules autonomes seront très voraces en électricité » (Reporterre 2021).

… sans oublier la prolifération prévisible des climatiseurs.

Apparemment, l’électrification à outrance, dans une société de surconsommation, au lieu de résoudre les problèmes, ne fait qu’en créer, en raison des effets rebonds. Cependant, il n’y a pas d’autre alternative.

L’électricité ne sera concurrencée que par la production de chaleur, qui pourrait atteindre tout de même une proportion non négligeable de l’énergie finale consommée (rappelons que les usages de la chaleur sont actuellement de l’ordre de 45 % de celle-ci) et l’énergie produite par la biomasse qui cependant n’atteint actuellement même pas 1 %.

Enfin, l’avantage de l’électricité est de produire bien moins de gaz à effet de serre que les énergies fossiles (pour autant qu’elle ait été produite de manière décarbonée).

Ceci dit, la grande question reste de savoir comment produire l’énorme quantité d’électricité qui sera nécessaire.

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Commentaire à propos du paragraphe « Conclusions »

Cela se termine par : «  la grande question reste de savoir comment produire l’énorme quantité d’électricité qui sera nécessaire »

Il vaudrait mieux se poser la question : comment faire pour ne pas être addict à l’électricité ? Comment faire pour être économe ? Comment faire pour être sobre, comme dirait le président de la République qui a découvert sur le tard cet adjectif.

Des pistes ont déjà été proposées dans la partie 3 de l’article paru le 18 décembre :

Elles ne sont évidemment pas les seules !

On ne peut pas avoir une croissance illimitée dans un monde limité. Il est urgent d’être sobre dans un monde fini.

Soyons donc décroissants. Bien entendu, cela concerne les individus ; mais cela doit interroger surtout les entreprises, les structures , les États …