« Outre leur laideur agressive, les éoliennes sont aussi une source de pollution sonore et lumineuse »
Qui a dit que les éoliennes étaient vertueuses ? Elles polluent les sols et les paysages et tuent les oiseaux, argumente Pierre Jourde, écrivain et critique littéraire.
La loi du 10 mars 2023, qui entend faciliter l’installation des sources d’énergie renouvelable, dont les éoliennes, prive les communes de quasiment toute possibilité de s’opposer aux décisions préfectorales d’installation de ces dispositifs. Il y a une programmation – une planification à la soviétique – dont il faut atteindre les objectifs.
Désormais, les mots « écologie », « énergie renouvelable », « réchauffement planétaire » sont des mantras permettant de faire n’importe quoi, puisque c’est au nom du Bien, et qu’il faut pouvoir exhiber des statistiques vertueuses, sans se préoccuper de la réalité.
Enlaidir le territoire français
La France, qui dispose d’un des plus importants patrimoines de paysages et de monuments au monde, et vit pour une bonne partie du tourisme, est aussi devenue une championne de la laideur, avec ses zones commerciales et ses constructions anarchiques. On a commencé à protéger le littoral. Mais la loi du 10 mars est un permis d’enlaidir le territoire, jusque dans ses coins les plus sauvages et les plus préservés. On a construit des éoliennes dans les parcs régionaux. Et on nous promet que cela va se multiplier.
L’écologie consiste-t-elle à enlaidir tout le territoire français, à transformer en usines des paysages sublimes, contre la volonté des gens qui vivent sur place ? Ce n’est pas seulement l’énergie propre qui sauvera le monde. « La beauté sauvera le monde » a écrit Dostoïevski. S’il a raison, nous sommes mal partis. Je rappelle ici ce que dit la Convention européenne du paysage, signée par la France : « Le paysage non seulement constitue une composante essentielle du bien-être individuel et social, mais il est aussi l’expression de la diversité du patrimoine et culturel des populations, tout comme le fondement même de leur identité ». On signe ça, et puis on saccage à coups d’éoliennes. Là où elles s’implantent, sans surprise, la valeur des biens immobiliers s’effondre.
Outre leur laideur agressive, leur pollution esthétique, les éoliennes sont aussi une source de pollution sonore et lumineuse. Elles font du bruit, émettent des infrasons dangereux pour la santé, et détruisent la nuit, ce qui reste de nuit, loin des villes. C’est Nicolas Hulot qui parlait de « pollution lumineuse »dans les villes. Exportons cette pollution là où elle n’est pas encore, dans les campagnes. Près de chez moi, en Auvergne, le sublime panorama des Monts des Cantal est désormais masqué par une rangée de ces monstres. Vézelay, le Vercors, la Drôme provençale sont défigurés.
Lourdes conséquences
Et depuis longtemps, l’Académie de médecine a alerté sur les risques sanitaires chez les personnes exposées à leurs vibrations. On verra plus tard, comme pour l’amiante. L’académie recommandait « de faciliter la concertation entre les populations riveraines et les exploitants ». Nos députés ont fait le contraire. Elles ne sont même pas écologiques. Je me permets de signaler aux écologistes que leurs chères éoliennes tuent des aigles royaux, des faucons crécerelles, des chauves-souris, qui se nourrissent d’insectes nuisibles. Construire ces tours géantes, avec la piste d’accès, impose de saccager des hectares de terres vierges, de haies, de forêts ou de terrains agricoles. Des dizaines de milliers d’hectares de terres agricoles ont d’ores et déjà été perdues à cause des éoliennes. Il faut construire un socle de mille à deux mille tonnes de béton, avec des structures métalliques qui polluent à terme les eaux souterraines.
Le matériau de l’éolienne exige trois tonnes de cuivre, une quantité industrielle de « terres rares », métaux produits en Chine dans des mines hautement polluantes (mais du moment que c’est en Chine, hein…). Il faut aussi construire de nouveaux réseaux de transport énergétique, de lignes très haute tension, de nouveaux transformateurs, des batteries de stockage. Tout cela pour une production confidentielle et irrégulière. Mais il y en a qui sont très intéressés par les éoliennes, qui font le forcing pour en installer partout, qui déversent de l’argent sur les petites communes pour les corrompre, ce sont les promoteurs et les constructeurs. Il y a beaucoup d’argent à faire, avec le soutien de l’État, qui garantit aux entrepreneurs des prix du kW (kilowatt/heure) prohibitifs et déverse les subventions. Le consommateur paie cher une énergie qui rapporte gros aux actionnaires. Les éoliennes, ça sert principalement à enrichir quelques grosses compagnies, avec l’alibi idéal, imparable, de l’écologie.
Et même en couvrant le territoire d’éoliennes, on ne pourra jamais se passer du nucléaire, scandaleusement négligé depuis quinze ans, alors qu’il assurait l’indépendance énergétique de la France, et une production efficace et non polluante d’électricité. Au lieu d’encourager la fausse solution de l’éolien, il serait de prendre conscience que ce n’est pas une solution, et que les lourdes conséquences de ce mauvais choix dureront des lustres.
marianne