Auteur/autrice : Escrebieux

  • Quelle position prendre vis-à-vis des ZAER ?

    Zones d’Accélération pour les Energies Renouvelables

    Vous allez été sollicité par la préfecture de votre département pour proposer, d’ici à la fin de l’année, après consultation des habitants de votre commune, une ou plusieurs zones d’accélération pour les énergies renouvelables (ZAER).

    Il est important de comprendre ce que dit la récente loi sur les ZAER, quels sont les droits des maires, et quelles sont nos recommandations.

    I. Ce que dit la loi sur les ZAER et sur le processus
    Comme le précise le « Guide à destination des élus locaux », intitulé « Planification des Énergies Renouvelables », préfacé par la ministre de la Transition Énergétique Mme Pannier-Runacher : « Les communes peuvent désormais définir, après concertation avec leurs administrés, des zones d’accélération où elles souhaitent prioritairement voir des projets d’énergie renouvelable s’implanter. Ces zones d’accélération peuvent concerner toutes les énergies renouvelables : le photovoltaïque, le solaire thermique, l’éolien, le biogaz, la géothermie etc. »
    Le processus d’élaboration des zones d’accélération pour les énergies renouvelables a été défini dans le cadre de la loi n° 2023-175 du 10 mars 2023.

    1. Les ZAER ont été proposées par la préfecture via la cartographie – voir ci-dessous les liens vers la cartographie et vers la note d’accompagnement. La version de la cartographie actuelle est une version de test (beta). Une version V2 (première version fonctionnelle) sera disponible courant décembre.

    2. Si un maire envoie une réponse la réponse doit être formulée après consultation de la population, sous la forme d’une délibération du Conseil Municipal acceptant les différentes zones, ou les rejetant, ou les modifiant ; puis envoyée au référent préfectoral. Les réponses peuvent être envoyées en 2024 (officiellement, fin décembre 2023 n’est plus une date butoir pour envoyer les réponses).

    3. Une concertation territoriale puis un avis du Comité Régional de l’Energie suivront en 2024.


    Nous vous conseillons ces liens :

    Dossier sur Vent des maires

    Webinaire AMF & Ministère : texte intégral. Répond à beaucoup de vos questions
    Note d’accompagnement émise par la DREAL Pays-de-la-Loire
    Cartes IGN
    Guide à destination des élus locaux :
    Site du ministère vers la page « planification des énergies renouvelables » 
    Webinaire AMF & Ministère : extraits proposés par le CRECEP pour répondre à beaucoup de vos questions

    II. Vos droits
    C’est aux communes de proposer les zones de leur choix. La cartographie proposée par les services de la préfecture (portail IGN) ne peut être contraignante. Les communes peuvent donc refuser, accepter ou modifier les zones proposées. La loi n’impose aucune obligation légale de définir ces ZAER.

    Si une commune définit des zones d’accélération, il est possible d’identifier par exemple une zone pour le biogaz, une autre pour le solaire thermique, et ne rien définir pour l’éolien (donc en zone neutre), ou mettre tout l’éolien en zone d’exclusion.

    Un projet éolien (ou autre) peut être approuvé hors zone d’accélération, ou refusé sur une zone d’accélération, mais il est clair que l’approbation d’une zone d’accélération est la porte ouverte aux promoteurs en tous genres qui ne manqueront pas de vous harceler, et réciproquement l’approbation d’une zone d’exclusion constitue une mesure de protection même si elle n’est pas totale.

    Un comité de projet est obligatoirement constitué par le porteur de projet pour les zones dites neutres (donc hors zones d’accélération et hors zones d’exclusion), comité présidé par le maire.

    En résumé : aucune commune ne peut être contrainte d’accepter une zone d’accélération (éolienne ou autre) dont elle ne veut pas. L’article 15, III de la loi du 10 mars 2023 est, à ce sujet, parfaitement clair : il subordonne la création de zones à l’avis conforme des communes concernées.

    III. Nos recommandations
    a) Répondre après consultation de la population et délibération du Conseil Municipal. Ne pas répondre présente à nos yeux le risque de signifier que vous acceptez en l’état les zones proposées par la préfecture.
    b) Optez pour des zones bénéfiques à l’ensemble de votre territoire (par exemple photovoltaïque sur les bâtiments, méthanisation à la ferme) et refusez l’implantation de zones nocives.

    c) Concernant les éoliennes nous vous recommandons de ne proposer aucune zone d’accélération, mais de définir le plus possible de zones d’exclusion et de résister aux éventuelles pressions pour deux raisons qui nous semblent importantes (au-delà de leur faible efficacité énergétique et donc de leur relativement faible utilité pour diminuer les émissions de CO2, et des risques qu’elles présentent pour la biodiversité) :
    • Le risque de la prolifération incontrôlée d’éoliennes une fois les premières installées. Les promoteurs vont essayer de connecter le maximum d’éoliennes au réseau déjà installé. Il sera très difficile de s’y opposer. Le risque de la saturation de la commune est très grand.
    • Le risque financier. Le principal argument des commerciaux est l’apport financier pour la commune sous forme d’IFER (taxe sur la production énergétique). Ce qu’ils vous cachent est que cette recette diminuera votre dotation générale de fonctionnement (pour un montant pouvant atteindre une part très importante de l’IFER). Les collectivités qui ont accueilli des éoliennes peuvent donc perdre, par une réduction de cette DGF, une bonne partie de ce que leur a apporté l’éolien. Il faut aussi tenir compte de la dépréciation des maisons du voisinage, laquelle peut atteindre 30% (d’où des réductions de taxe foncière). Quant aux habitations les plus proches des éoliennes, elles peuvent devenir invendables.

    d) Mettez à jour (si possible) le PLU / PLUi pour le rendre cohérent avec les ZAER. Inscrivez dans votre PLU/PLUi et en le justifiant l’interdiction d’infrastructures industrielles de plus de 100m de haut à moins de 1000m des habitations.

    https://lnk.pmlte-etae-1.ovh/V6AWxrJ93wKbja6jjw5wGC9rA/099111110116097099116064118101110116100101099111108101114101046111114103/m32W51700591/versionWeb.html
  • Quand des éoliennes tuent

    Un circaète Jean-le-Blanc a été retrouvé mort, au pied d’un aérogénérateur dans le parc de Freycenet-la-Tour, le 22 mai.

    Présente au moment de l’impact, l’herpétologue Solenne Muller a confié l’oiseau à la Ligue de Protection des Oiseux pour l’autopsier. Le constat ? La bonne santé de l’animal avant le choc mortel démontre que les éoliennes peuvent s’illustrer comme de véritables espaces mortifères pour les oiseaux.

    Un circaète Jean-le-Blanc ? C’est une espèce de rapaces majestueux spécialisée dans la chasse aux reptiles. Depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire, il bénéficie en ce sens d’une protection totale en France.

    Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l’enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu.

    « Le choc entre l’animal et une pale ne faisait aucun doute. »

    Le 22 mai précisément, Solenne Muller, herpétologue de profession, étudie les amphibiens à l’étang des Barthes, à deux pas des six éoliennes implantées dans le secteur. Elle est accompagnée du photographe Simon Bugnon.

    Ses observations sont alors perturbées par un bruit sec et sourd, provenant d’un des aérogénérateurs. « Le bruit était une sorte de gros « Poc », partage-t-elle. J’ai tout de suite tourné la tête et j’ai assisté à la chute d’un gros rapace le long de la première éolienne. Le choc entre l’animal et une pale ne faisait aucun doute ».

    D’après une étude de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), 56 000 oiseaux sont tués chaque année par les éoliennes en France. Les pertes totales sont difficiles à quantifier, une partie des cadavres étant récupérée par les prédateurs naturels.

    « Le choc a été tellement violent que tous ses organes ont été déplacés à l’intérieur. »

    La scientifique et son camarade accourent aussitôt vers le pied de l’éolienne et découvrent l’oiseau inanimé. Elle reconnaît alors un circaète Jean-le-Blanc, une espèce emblématique. « Naïvement, je pensais peut-être qu’il pouvait encore être en vie et agir en fonction, confie Solenne Muller. Mais le choc l’avait terrassé instantanément ».

    Elle poursuit : « Nous avons contacté la LPO, mais également la mairie et des élus locaux pour les prévenir. La Ligue de Protection des Oiseaux l’a pris en charge et l’a confié à son tour à l’Office Français de la Biodiversité (OFB) ». 

    Le circaète est ensuite ausculté par un vétérinaire. Non seulement l’autopsie révèle que le rapace était en bonne santé avant le choc, dénué de maladies quelconques ou d’un problème visuel, mais que c’est bien la pale qui lui a pulvérisé le corps. « Le choc a été tellement violent que tous ses organes ont été déplacés à l’intérieur », décrit Solenne Muller.

    « Il est vraiment étonnant de construire de type d’engin dans des espaces aussi foisonnant de vie. »

    Selon l’OFB, sans la présence de Solenne Muller sur place au moment des faits, « cette preuve que les éoliennes ont des conséquences sur la mortalité des oiseaux serait restée sans effet ». Solenne Muller d’expliquer en ce sens : « Il est très rare d’assister à ça en direct. Et il est évident que cette mort d’un rapace protégé n’est pas un cas isolé, car les cadavres sont vite emportés par les renards et d’autres prédateurs terrestres ».

    Elle s’interroge alors : « Ce que je ne comprends pas, c’est l’implantation de ces éoliennes. Les rapaces, comme le circaète, sont des chasseurs de reptiles. Or, l’étang de Barthes est très riche en amphibiens et en serpents à l’instar des couleuvres, par exemple. Il est vraiment étonnant de construire de type d’engin dans des espaces aussi foisonnant de vie, dans des lieux où la biodiversité est très dense ».

    « Le monde merveilleux des éoliennes n’est pas aussi beau que les promoteurs veulent bien le laisser croire. »

    Le président de l’Association pour la Préservation des Paysages Exceptionnels du Mézenc (APPEM), Gilbert Richaud, se bat depuis des années, aux côtés d’autres personnes, pour justement montrer du doigt l’effet délétère que produisent les éoliennes dans ce lieu de nature préservé.

    « Il faut arrêter de prendre les gens pour des naïfs, lance-t-il. Le monde merveilleux des éoliennes n’est pas aussi beau que les promoteurs veulent bien le laisser croire. Ces constructions, notamment dans un lieu tel que le Mézenc, sont une catastrophe pour toute la biodiversité, l’avifaune (les oiseaux, Ndlr) et les animaux terrestres. Sans parler de l’impact visuel pour les habitants et les touristes ».

    Il ajoute : « D’après les remontées qui nous ont été faites à propos du circaète fauché par une éolienne, le promoteur ne reconnaît pas la cause direct de l’engin. Il affirme que l’oiseau devait être malade ou victime d’un problème visuel ». Sauf que l’autopsie contredit en totalité les arguments d’EDF Renouvelables.

    Nous avons cherché, par le biais d’un mail, à nous entretenir avec le promoteur des éoliennes de Freycenet-la-Tour, EDF Renouvelables. Nous voulions savoir si des dispositifs équipaient les éoliennes pour éviter les accidents avec les volatiles. Nous n’avons eu aucun retour.

    « La maman étant morte, son petit a bien entendu aucun espoir de grandir et de survivre. »

    Gilbert Richaud rappelle aussi que la mort de ce circaète a réduit à zéro les chances de survie de son oisillon. « D’après sa plaque incubatrice, c’était une femelle qui avait un petit au nid », se désole-t-il.  

    Il déplore alors : « La maman étant morte, son petit n’a bien entendu aucun espoir de grandir et de survivre ».

    Selon une récente étude de la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB), près de 600 millions d’oiseaux nicheurs ont disparu en Europe depuis 1980. Les chats tueraient environ 75 millions d’oiseaux par an en France. Outre les collisions avec des lignes électriques, des véhicules et des vitres, les principales causes d’effondrement des espèces d’oiseaux sont l’utilisation des pesticides dans l’agriculture intensive

    Quand le noir redonne des couleurs

    En France, pas ou peu de dispositifs anticollision avec les oiseaux existent. Et comme à l’accoutumée, ce sont encore les pays scandinaves les plus en avance sur le sujet. Des chercheurs norvégiens ont ainsi suivi pendant 10 ans plusieurs machines dans la centrale éolienne de l’archipel de Smøla. Certaines avaient les pales peintes en noir, et d’autres non.

    L’étude rapportée par le journal Ecology and Evolution démontre que cette simple opération a permis de diminuer drastiquement les chocs avec les oiseaux, réduisant de 71,9 % le taux de mortalité des oiseaux par rapport aux turbines restées d’un blanc immaculé.

    https://www.zoomdici.fr/actualite/quand-des-eoliennes-tuent
  • Mortalité de l’aigle royal de l’Escandorgue

    La société Energie Renouvelable du Languedoc (ERL)-GROUPE VALECO en correctionnelle

    Suite aux plaintes au pénal de plusieurs associations environnementales :

    – France Nature Environnement Occitanie-Méditerranée (FNE), le 31 janvier 2023
    – La Ligue pour la Protection des Oiseaux – Occitanie (LPO),
    – L’association nationale « Sites et Monuments » (ex SPPEF) avec
    – L’association « Vigilance Patrimoine Paysager et Naturel » VPPN du collectif 34
    – L’association « Association pour la Protection des Paysages et des Ressources du Lodévois et l’Escandorgue » APPREL

    pour destruction intentionnelle du mâle de l’unique couple d’aigles royaux de l’Escandorgue, trouvé mort sous l’éolienne n° 2 de la centrale d’aérogénérateurs de Bernagues à Lunas (34650),

    L’association BECOT du groupe de surveillance et d’étude des rapaces du Massif central qui est responsable du programme de baguage et de suivi des aigles royaux du Massif central et faisait le suivi de l’aigle royal de l’Escandorgue depuis les années 2014 avait en effet mis en garde la société ERL du groupe VALECO et les services de l’Etat de l’inepsie de construire des éoliennes au cœur du domaine vital du rapace, sur le site éolien de Bernagues, sur les crêtes du massif de l’Escandorgue, et elle avait prouvé la perte de son habitat, après les constructions en 2016.

    Monsieur le Procureur de la République a retenu la plainte des défenseurs de l’environnement et a convoqué la société ERL en correctionnelle, au tribunal pénal de Montpellier, 1 place Pierre Flotte: mercredi 3 juillet 2024 à 14h.

    Voir le communiqué complet du Collectif pour la Protection des Paysages et de la Biodiversité 34-12 (50 associations de l’Hérault) et de Son comité de soutien : l’association « Vigilance Patrimoine Paysager et Naturel »- VPPN. (en PDF)
    Contact : Marjolaine Villey-Migraine aigles.escandorgue@gmail.com

    Pour en savoir plus :

  • Plaidoyer contre les éoliennes industrielles

    Sommaire du document

    Autopsie d’une éolienne industrielle
    Des effets sur la vie alentour
    – Des éoliennes, de l’argent et des hommes
    Qui construit les éoliennes ?
    Une histoire de gros sous…
    … et de corruption
    – Aérogénérateurs et écologie
    L’éolienne industrielle permettrait de sortir du nucléaire
    Éoliennes industrielles et émissions de gaz à effet de serre
    Éoliennes et crédits carbone
    Compenser le désastre
    – Les éoliennes et le monde qui les entoure
    Éoliennes et Zones Industrielles de l’Électricité
    Éoliennes et territoire

    ** **

    Combien y a-t-il d’éoliennes industrielles en France ?

    Voilà une donnée difficilement accessible. Il est toujours question de « puissance raccordée », de térawatts, de mégawatts/heure, bref, le nombre de mâts n’est pas vanté… Mais le calcul est relativement simple, la puissance totale des 835 « parcs » éoliens hexagonaux représentant 9000 MW, il y aurait donc environ 4500 machines en activité (une éolienne ayant une puissance moyenne de 2MW), et il est prévu que 5000 de plus soient prochainement raccordées au réseau.

    L’Aveyron, quant à lui, a déjà vu s’ériger 94 éoliennes industrielles, et 121 supplémentaires se sont vu octroyer un permis de construire. Ce ne serait qu’un début, si l’on en croit les prévisions du schéma régional, dont l’objectif serait l’implantation d’un millier de mâts. Si l’atome a déjà fait des dégâts colossaux (et là aussi ce n’est qu’un début), l’industrie éolienne que l’on nous présente comme son miraculeux remède ne serait-elle pas qu’une caution verte au tout nucléaire français ?Ne serait-elle pas également la nouvelle bulle spéculative d’un capitalisme financier en mal de nouveaux marchés ? Bref, qu’est-ce que l’éolien industriel ?

    Autopsie d’une éolienne industrielle

    Les éoliennes industrielles ne sont pas les moulins à vent de notre époque, comme on l’entend parfois. Les modèles les plus récents mesurent plus de 200 mètres de haut, c’est-à-dire plus de quatre fois la hauteur d’un pylône de ligne à Très Haute Tension. Leur réalisation demande plusieurs années de travaux, des défrichements massifs, l’élargissement des routes et pistes existantes pour faire passer des pièces plus grosses que celles d’un Airbus. 2000 tonnes de béton sont coulées dans le sol pour chaque mât, la fondation de 200m3 est d’un volume équivalent à celui d’une piscine olympique. Chaque éolienne contient 600 kg de terres rares, essentiellement du néodyme.

    L’exploitation et le raffinage de ce métal se fait principalement dans la ville de Baotou (en Mongolie Intérieure), surnommée « la ville du cancer ». Les rejets chimiques de cette industrie ont pollué toute la région : l’espérance de vie est désormais de 40 ans et la radioactivité est deux fois supérieure à celle mesurée à Tchernobyl. Chaque éolienne contient également plus de 4 tonnes de cuivre extrait dans les gisements d’Amérique du Sud où des villages entiers sont expropriés par les forces armées pour permettre aux firmes occidentales d’exploiter la richesse du sous-sol et la vie des ouvriers. Pour verdir ici, on noircit là-bas.

    Des effets sur la vie alentour

    Lorsqu’elle se met en mouvement, une éolienne industrielle produit plusieurs sortes de bruits. Les premiers sont liés à la mécanique du système, notamment de la nacelle ; d’autres, plus lugubres, tiennent aux flux d’air autour des pâles qui produisent de surcroît en passant devant le mât toute une gamme d’infrasons. Une fois lancé, l’aérogénérateur émet un bruit lancinant que les riverains décrivent ainsi : « un avion qui passerait à basse altitude sans jamais atterrir »; ils posent des double vitrages, laissent les fenêtres fermées et bouchent le conduit de la cheminée avec du papier journal… puis ils déménagent, si miraculeusement ils parviennent à vendre leur maison. La journée, l’effet stroboscopique des pales – saccades d’ombre et de lumière – est très difficile à supporter. Il suscite maux de tête et nausées. La nuit, les flashs lumineux en haut des mâts éradiquent l’obscurité à des dizaines de kilomètres à la ronde. Le gibier et les animaux terrestres sont perturbés par ces énormes infrastructures et par la création des routes d’accès. Ils changent de territoire quand ils le peuvent. De nombreux oiseaux meurent hachés par les pales, quand bien même les promoteurs équipent les machines de radars anticollision. Les migrations, la nidification et la reproduction sont fortement perturbées.

    DES ÉOLIENNES, DE L’ARGENT ET DES HOMMES

    Qui construit les éoliennes?

    La construction d’un aérogénérateur terrestre coûte la bagatelle de 2 millions d’euros. Pourtant les promoteurs se présentent le plus souvent comme de « petites entreprises familiales » au nom fleuri : Compagnie du vent, Énergie des collines, parc du Souleilla, etc. Derrière cette recherche d’acceptabilité sociale se cache en réalité des filiales d’EDF, Vinci, Total, GDF-Suez, AREVA et consorts. Prenons deux exemples de promoteurs dans le sud-Aveyron. Le premier, RAZ énergie, est une filiale de SAMFI INVEST, entreprise « d’investissement à haute rentabilité », spécialisée dans le transport routier avec une flotte de 600 camions. Un autre, Eneria (éoliennes de Mélagues et Arnac-sur- Dourdou) conçoit des motorisations pour des applications marines, industrielles et pétrolières, et exploite du pétrole et du gaz en Algérie. L’immense majorité des promoteurs sont en réalité de grandes multinationales polluantes. Il est important de noter que les parcs sont vendus et rachetés à des vitesses… spéculatives. Dans le Lévézou (toujours en Aveyron) certains ont été revendus 3 fois en à peine 5 ans. Les filiales apparaissent puis tombent en liquidation. Dans un tel système, on peut légitimement se questionner quant à qui, après les 25 années de rendement des machines, aura la charge de démonter ces friches industrielles…

    Une histoire de gros sous…

    L’éolien est un des investissements les plus rentables du moment car le rachat de l’électricité « renouvelable » se fait à prix d’or, largement au-dessus des tarifs du marché, avec la garantie des États et de l’Europe.

    Et qui finance ce rachat ? Nous tous, au travers d’une taxe prélevée par EDF sur les consommateurs : la CSPE (Contribution au Service Public de l’Électricité). Le service public fournit donc la logistique à des détournements massifs de fonds vers les intérêts privés des promoteurs. Les communes et les propriétaires fonciers touchent les miettes du pactole – plusieurs milliers d’euros par an et par mât quand même. Par contre, la valeur des maisons alentour chute et oblige les riverains à subir les nuisances en restant dans des maisons invendables. Du point de vue des emplois, ceux qui sont créés localement se comptent sur les doigts d’une main : la fabrication, l’installation et la maintenance des éoliennes sont assurées par des techniciens spécialisés dépêchés depuis de grands centres urbains à des centaines de kilomètres de là. Quant aux vacanciers encore sensibles aux espaces non défigurés par le tourisme de masse ou l’industrie, ils iront se promener ailleurs. Les éoliennes uniformisent les territoires, leurs caractéristiques disparaissent tant on ne voit plus qu’elles.

    Chaque « parc » devient une zone industrielle comme tant d’autres en France.

    …et de corruption

    Comment, dans ces conditions, les promoteurs arrivent-ils à imposer leurs machines ? Ils ont pour cela, outre la rétribution, un argument qui ne manquera pas de faire plier les récalcitrants : « si vous refusez les éoliennes sur un de vos terrains, éloigné de votre habitation, votre voisin, lui, les acceptera, dans son champ qui jouxte votre maison. » La même logique dévastatrice se reproduit à l’échelle des communes. Cela est d’autant plus grave que nos campagnes n’ont pas encore été contaminées par l’indifférence générale dont se gratifient les habitants des grandes métropoles. Il existe encore une attention, des liens, une solidarité minimale entre voisins. Mais avec l’arrivée des aérogénérateurs, des conflits irréductibles s’installent, les villages se coupent en deux, des communes entrent en guerre. Le rôle des conseillers municipaux est central. Alors que certains refusent logiquement toute implantation, pour d’autres les condamnations pour prise illégale d’intérêt ne cessent de tomber. Un exemple parmi tant d’autres à Mélagues en Aveyron : une ancienne conseillère municipale a été condamnée à 2 mois de prison avec sursis et 1.000€ d’amende ainsi qu’à l’interdiction pour 2 ans de ses droits civiques, civils et de famille. Elle avait participé au vote d’un projet de construction d’éoliennes sur des terrains appartenant à son mari, à sa belle-sœur et à son beau-frère. Une série d’implantations qui lui rapporte 46.500€ de loyer par an.

    AÉROGÉNÉRATEURS ET ÉCOLOGIE

    L’éolienne industrielle permettrait de sortir du nucléaire

    Il s’agit d’un argument aussi répandu que fallacieux. On nous a jadis imposé le nucléaire sous prétexte de progrès, on voudrait aujourd’hui nous imposer les éoliennes sous prétexte d’écologie. Mais en France, malgré l’implantation massive « d’énergies renouvelables » depuis 10 ans, pas un réacteur n’a été arrêté. Au contraire, en janvier 2015, Ségolène Royal a clairement affiché la politique énergétique du pays : « il faut programmer la construction d’une nouvelle génération de réacteurs nucléaires » ou encore : « Nous n’allons pas opposer les énergies les unes aux autres ». Les gouvernants brandissent la « transition énergétique » et annoncent « la diminution de la part du nucléaire dans le bouquet énergétique français ». Mais il s’agit d’une diminution relative, dans un contexte d’augmentation de la production, des circulations et de la consommation énergétique. Il y aura toujours plus de centrales à charbon, plus de nucléaire et beaucoup plus d’aérogénérateurs ou de centrales photovoltaïques. Comme le dit Luc Oursel, PDG d’Areva, le nucléaire et le renouvelable sont « deux alliés naturels ». Ce qui est à l’œuvre n’est pas une transition, mais une accumulation énergétique. Dans ce cadre, les mâts sur fond de paysages bucoliques ont pour fonction d’apporter un supplément de bonne conscience et de légitimité à un système de production centralement organisé autour des centrales nucléaires. Ils sont le déguisement vert de la fuite en avant perpétrée par les mêmes entreprises qui ont créé et perpétuent le désastre qu’elles prétendent aujourd’hui guérir. Trouver encore de nouvelles technologies pour s’enrichir, tel est le défi du capitalisme vert.

    Éoliennes industrielles et émissions de gaz à effet de serre

    Le fonctionnement d’une éolienne dépend évidemment du vent : elle démarre lorsque le vent souffle à 10 ou 15 km/h et s’arrête lorsqu’il dépasse 85 km/h. Elle ne tourne pas quand il fait trop chaud (problème de refroidissement du générateur) ni quand il fait trop froid (risque de givre). Pour résumer, elle ne fonctionne à pleine capacité que 20 % du temps. Ni le vent ni l’électricité ne sont stockables. Pourtant le réseau électrique doit maintenir un équilibre général entre production et consommation sous peine de coupure générale, le fameux black-out. Pour compenser l’intermittence du vent, des centrales thermiques (au charbon ou au gaz) sont donc (re)mise en service ! Ces dernières sont maintenues en permanence en fonctionnement pour pouvoir prendre le relais instantanément si d’aventure une partie de la production éolienne s’arrête. Il n’est donc pas exagéré de dire que dans ce schéma, les éoliennes sont co-émettrices de gaz à effet de serre. Et l’on comprend mieux, depuis ce point de vue, que GDF-Suez soit l’un des principaux promoteurs de centrales éoliennes.

    Éoliennes et crédits carbone

    Construire un parc éolien est une solution pratique pour les multinationales les plus polluantes du monde entier. En effet, pour lutter contre le réchauffement climatique, le protocole de Kyoto leur impose, ainsi qu’aux États, une certaine limitation des émissions de carbone et de gaz à effet de serre. Cette limite ne signifie pas que les entreprises sont obligées de polluer moins ; au contraire, elles peuvent polluer au-delà des limitations, à condition de compenser ce dépassement par l’acquisition de « crédits carbone ». Il existe plusieurs manières d’obtenir de tels crédits : en les achetant sur un marché international (ce qui fait office de sanction), en investissant dans des zones naturelles protégées (c’est-à-dire en plantant des monocultures d’eucalyptus et en pratiquant une coupe à blanc une fois les arbres à terme) ou… en investissant dans des énergies supposément vertes comme les éoliennes ! Les aérogénérateurs sont donc la solution parfaite pour les multinationales : les crédits carbone qu’elles obtiennent en les construisant leurs permettent de se mettre en conformité avec la réglementation internationale sans réduire, et même en augmentant leurs pollutions. Elles engrangent des profits en vendant l’électricité à des tarifs subventionnés, et, cerise sur le gâteau, elles peuvent même revendre à d’autres pollueurs leur surplus de crédits carbone. Et bien entendu, tout cela avec crédit d’impôt. L’effet soi-disant escompté s’inverse, les crédits carbone, bien loin d’inciter à la retenue, génèrent de l’activité industrielle et ouvrent des droits supplémentaires à polluer.

    Compenser le désastre

    La compensation, dans ce système, est le nœud autour duquel pendent les nouvelles ficelles de la finance internationale, le nid idéologique de sa nouvelle marotte. Les entreprises détruisent l’environnement, cela est admis, il leur est demandé seulement de « compenser » les dégâts.

    Une vision bien étrange du monde qui nous entoure, comme si tout était en pure équivalence : une forêt ou un bocage détruit ici équivaut à une forêt replantée au bout du monde (qui plus est souvent sur des terres agraires, privant les villageois de nourriture), la pollution d’une entreprise chimique équivaut à dix éoliennes, ou à un bouquet d’actions « chimpanzé » que proposent des banques spécialisées. Et le comble pour les investisseurs, c’est que ces compensations rapportent, comme c’est le cas des aérogénérateurs. Et tout cela en alimentant le discours écologique d’État, qui se targue à peu de frais de sa transition énergétique, lorsque ce n’est en réalité qu’une transaction… Car, comme l’affirme un promoteur : « la gestion proactive de l’environnement génère de la valeur. »

    LES ÉOLIENNES ET LE MONDE QUI LES ENTOURE

    Éoliennes et Zones Industrielles de l’Électricité

    La question de l’éolien industriel n’est au final pas une question d’énergie. L’implantation d’aérogénérateurs ne vient pas répondre à un besoin local. La France a exporté 47,2 TWh en 2013 et ce solde est en constante augmentation. De plus, les aérogénérateurs sont habituellement implantés dans des zones faiblement peuplées, à proximité d’autres centrales de production (photovoltaïque, hydraulique, éolien, etc.). EDF prétendra ensuite que cette énergie est consommée « localement », puisque l’électricité va au plus proche. Mais lorsque les besoins locaux s’élèvent, par exemple, à 2 MW, il est impossible de consommer les 40 MW produits. Les 38 restant partent donc à l’exportation. Car il existe un marché mondial de l’électricité en pleine expansion (du fait notamment du développement du tout électro-numérique : ordinateur, serveur, internet et autres objets « intelligents »), où le label « renouvelable » permet d’engranger de substantiels profits. Mais encore faut-il être raccordé aux réseaux pour accéder à ces marchés. L’électricité se transporte difficilement, les déperditions sur les lignes sont énormes, d’autant plus si le voltage est bas. On trouve ici le sens à concentrer les unités de production : plus les unités de production sont proches les unes les autres, plus il est possible de les relier rapidement et facilement aux gigantesques transformateurs pour haute et très haute tension. Le but ultime étant de rejoindre une ligne 400.000 volts depuis laquelle il est possible de vendre à travers toute l’Europe. Et c’est RTE, à grand renfort d’argent public, qui installe les infrastructures nécessaires à ce business. Une fois celles-ci en place, elles appellent irrémédiablement de nouveaux projets de production énergétique… C’est cette logique qui est à l’œuvre dans le sud-Aveyron autour du projet de méga-transformateur de sept hectares à Saint-Victor-et-Melvieu.

    Éoliennes et territoire

    Depuis une décennie déjà, des associations de riverains impactés par les projets éoliens mènent un travail juridique décisif pour ralentir et compliquer leur réalisation. À tel point que ces contrariétés (les frais de contentieux et les délais de recours) sont aujourd’hui intégrées par les promoteurs dans leurs coûts et leurs calendriers de mise en place.

    Mais le lobby éolien se renforce, il pousse sans relâche aux simplifications administratives et législatives, appuyé en cela par les traités de déréglementation internationaux (comme le TAFTA) ou les décrets nationaux, comme la loi Macron. Il faut aujourd’hui lui opposer sur le terrain une lutte populaire et politique ancrée dans les territoires que nous désirons défendre. Le refus des habitants doit apparaître au grand jour sur les affiches et sur les murs, dans des manifestations, par des pressions sur les élus et les diverses instances participant à la promotion des aérogénérateurs (Préfectures, régions, départements, communes, Parcs Naturels…) mais aussi par des blocages physiques de toute la logistique éolienne (chantiers, convois, démarchages…) et des occupations des futurs lieux de travaux.

    Nous ne les laisserons pas continuer impunément le saccage de nos territoires.

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    Pour lire le document complet :

    https://infokiosques.net/spip.php?article1754
  • Le redoutable « wake effect »

    Le « wake effect » pose un défi crucial pour l’efficacité énergétique des parcs éoliens en mer, soulevant des questions de régulation. Chercheurs et industriels s’efforcent de comprendre ce phénomène pour optimiser les performances des éoliennes offshore.

    EN BREF

    • Le « wake effect » désigne la turbulence créée par une éolienne, réduisant l’efficacité des éoliennes en aval.
    • Des recherches visent à développer des modèles de prédiction plus précis pour minimiser les impacts du wake effect.
    • Des solutions comme l’ajustement de l’orientation des turbines et l’exploration de nouveaux designs d’éoliennes émergent pour atténuer l’effet.

    Le « wake effect » ou effet de sillage, phénomène bien connu, mais encore mal compris, désigne la turbulence créée par une éolienne, perturbant le vent et réduisant ainsi l’efficacité des éoliennes en aval.

    Cette baisse de rendement peut s’étendre sur de grandes distances, posant des défis particuliers dans des zones densément peuplées de parcs éoliens en mer.

     Wake effect : mieux le comprendre ce phénomène pour mieux l’anticiper 

    De nombreuses équipes de recherche se penchent sur le « wake effect », comme l’Université de Bergen, l’institut allemand Fraunhofer ou l’université Takanori Uchida. Leurs recherches cherchent à développer des modèles de prédiction plus précis et à identifier des solutions pour minimiser ses impacts.

    D’après une étude publiée dans Marine Policy, dans les conditions les plus défavorables, les pertes de rendement dues au wake effect peuvent atteindre jusqu’à 20% sur une distance de 50 kilomètres en aval des parcs éoliens offshore.

    Des acteurs industriels mènent également des études approfondies pour éclairer les pratiques d’implantation et de gestion des parcs éoliens. L’énergéticien allemand RWE, par exemple, estime que l’effet de sillage pourrait avoir des répercussions jusqu’à une périphérie de 200 km.

    Des solutions émergent pour atténuer l’effet de sillage

    Parmi les solutions envisagées figurent des ajustements dans la disposition des éoliennes, des modifications matérielles et même l’exploration de nouveaux designs d’éoliennes. Des projets comme « Wake Adapt » de Siemens. Cette solution consiste à ajuster légèrement l’orientation des turbines lorsque le vent est aligné avec les éoliennes. Cette modification subtile permet de dévier l’effet de sillage sans compromettre la structure de l’éolienne.

    En effet, des discussions portent sur le choix du type d’éolienne à utiliser. Bien que les turbines à trois pales sur mâts soient les plus répandues, il y a un intérêt croissant pour les rotors inclinés qui pourraient atténuer l’effet de sillage. Le projet POWER a été initié dans ce but, visant à installer 10 éoliennes « Touchwind » pour évaluer si ce design peut améliorer la production d’électricité par kilomètre carré tout en limitant l’effet de sillage.

     Les enjeux de la coopération internationale face au wake effect

    Face à la complexité de l’effet du sillage et à ses implications transfrontalières potentielles, une collaboration internationale accrue est nécessaire pour garantir une transition énergétique efficace et harmonieuse. Des cadres réglementaires clairs et des accords entre les États riverains des parcs éoliens en mer sont essentiels pour relever ce défi de manière coordonnée.

    « (…) La Convention sur le droit de la mer n’impose aucune limitation explicite (…) cependant, on pourrait interpréter une limitation potentielle comme signifiant que vous devez notifier et consulter d’autres États que votre parc éolien offshore peut avoir des effets de sillage transfrontaliers » explique Eirik Finserås, candidat à la Faculté de droit de l’Université de Bergen, auteur d’une étude sur ce phénomène.

    Comprendre et maîtriser le « wake effect » est crucial pour maximiser l’efficacité des parcs éoliens en mer et assurer leur durabilité à long terme. Grâce à la recherche continue et à la collaboration entre les acteurs du secteur, des progrès significatifs sont réalisés pour surmonter ce défi et exploiter pleinement le potentiel de l’énergie éolienne offshore.

    science-et-vie.com

  • Quand des éoliennes tuent

    Présente au moment de l’impact, l’herpétologue Solenne Muller a confié l’oiseau à la Ligue de Protection des Oiseux pour l’autopsier. Le constat ? La bonne santé de l’animal avant le choc mortel démontre que les éoliennes peuvent s’illustrer comme de véritables espaces mortifères pour les oiseaux.

    Un circaète Jean-le-Blanc ? C’est une espèce de rapaces majestueux spécialisée dans la chasse aux reptiles. Depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire, il bénéficie en ce sens d’une protection totale en France.

    Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l’enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu.

    « Le choc entre l’animal et une pale ne faisait aucun doute. »

    Le 22 mai précisément, Solenne Muller, herpétologue de profession, étudie les amphibiens à l’étang des Barthes, à deux pas des six éoliennes implantées dans le secteur. Elle est accompagnée du photographe Simon Bugnon.

    Ses observations sont alors perturbées par un bruit sec et sourd, provenant d’un des aérogénérateurs. « Le bruit était une sorte de gros « Poc », partage-t-elle. J’ai tout de suite tourné la tête et j’ai assisté à la chute d’un gros rapace le long de la première éolienne. Le choc entre l’animal et une pale ne faisait aucun doute ».


    D’après une étude de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), 56 000 oiseaux sont tués chaque année par les éoliennes en France. Les pertes totales sont difficiles à quantifier, une partie des cadavres étant récupérée par les prédateurs naturels.

    « Le choc a été tellement violent que tous ses organes ont été déplacés à l’intérieur. »

    La scientifique et son camarade accourent aussitôt vers le pied de l’éolienne et découvrent l’oiseau inanimé. Elle reconnaît alors un circaète Jean-le-Blanc, une espèce emblématique. « Naïvement, je pensais peut-être qu’il pouvait encore être en vie et agir en fonction, confie Solenne Muller. Mais le choc l’avait terrassé instantanément ».

    Elle poursuit : « Nous avons contacté la LPO, mais également la mairie et des élus locaux pour les prévenir. La Ligue de Protection des Oiseaux l’a pris en charge et l’a confié à son tour à l’Office Français de la Biodiversité (OFB) ». 

    Le circaète est ensuite ausculté par un vétérinaire. Non seulement l’autopsie révèle que le rapace était en bonne santé avant le choc, dénué de maladies quelconques ou d’un problème visuel, mais que c’est bien la pale qui lui a pulvérisé le corps. « Le choc a été tellement violent que tous ses organes ont été déplacés à l’intérieur », décrit Solenne Muller.

    « Il est vraiment étonnant de construire de type d’engin dans des espaces aussi foisonnant de vie. »

    Selon l’OFB, sans la présence de Solenne Muller sur place au moment des faits, « cette preuve que les éoliennes ont des conséquences sur la mortalité des oiseaux serait restée sans effet ». Solenne Muller d’expliquer en ce sens : « Il est très rare d’assister à ça en direct. Et il est évident que cette mort d’un rapace protégé n’est pas un cas isolé, car les cadavres sont vite emportés par les renards et d’autres prédateurs terrestres ».

    Elle s’interroge alors : « Ce que je ne comprends pas, c’est l’implantation de ces éoliennes. Les rapaces, comme le circaète, sont des chasseurs de reptiles. Or, l’étang de Barthes est très riche en amphibiens et en serpents à l’instar des couleuvres, par exemple. Il est vraiment étonnant de construire de type d’engin dans des espaces aussi foisonnant de vie, dans des lieux où la biodiversité est très dense ».

    « Le monde merveilleux des éoliennes n’est pas aussi beau que les promoteurs veulent bien le laisser croire. »

    Le président de l’Association pour la Préservation des Paysages Exceptionnels du Mézenc (APPEM), Gilbert Richaud, se bat depuis des années, aux côtés d’autres personnes, pour justement montrer du doigt l’effet délétère que produisent les éoliennes dans ce lieu de nature préservé.

    « Il faut arrêter de prendre les gens pour des naïfs, lance-t-il. Le monde merveilleux des éoliennes n’est pas aussi beau que les promoteurs veulent bien le laisser croire. Ces constructions, notamment dans un lieu tel que le Mézenc, sont une catastrophe pour toute la biodiversité, l’avifaune (les oiseaux, Ndlr) et les animaux terrestres. Sans parler de l’impact visuel pour les habitants et les touristes ».

    Il ajoute : « D’après les remontées qui nous ont été faites à propos du circaète fauché par une éolienne, le promoteur ne reconnaît pas la cause direct de l’engin. Il affirme que l’oiseau devait être malade ou victime d’un problème visuel ». Sauf que l’autopsie contredit en totalité les arguments d’EDF Renouvelables.

    Nous avons cherché, par le biais d’un mail, à nous entretenir avec le promoteur des éoliennes de Freycenet-la-Tour, EDF Renouvelables. Nous voulions savoir si des dispositifs équipaient les éoliennes pour éviter les accidents avec les volatiles. Nous n’avons eu aucun retour.

    « La maman étant morte, son petit a bien entendu aucun espoir de grandir et de survivre. »

    Gilbert Richaud rappelle aussi que la mort de ce circaète a réduit à zéro les chances de survie de son oisillon. « D’après sa plaque incubatrice, c’était une femelle qui avait un petit au nid », se désole-t-il.

    Il déplore alors : « La maman étant morte, son petit n’a bien entendu aucun espoir de grandir et de survivre ».

    Selon une récente étude de la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB), près de 600 millions d’oiseaux nicheurs ont disparu en Europe depuis 1980. Les chats tueraient environ 75 millions d’oiseaux par an en France. Outre les collisions avec des lignes électriques, des véhicules et des vitres, les principales causes d’effondrement des espèces d’oiseaux sont l’utilisation des pesticides dans l’agriculture intensive

    Quand le noir redonne des couleurs

    En France, pas ou peu de dispositifs anticollision avec les oiseaux existent. Et comme à l’accoutumée, ce sont encore les pays scandinaves les plus en avance sur le sujet. Des chercheurs norvégiens ont ainsi suivi pendant 10 ans plusieurs machines dans la centrale éolienne de l’archipel de Smøla. Certaines avaient les pales peintes en noir, et d’autres non.

    L’étude rapportée par le journal Ecology and Evolution démontre que cette simple opération a permis de diminuer drastiquement les chocs avec les oiseaux, réduisant de 71,9 % le taux de mortalité des oiseaux par rapport aux turbines restées d’un blanc immaculé.

    https://www.zoomdici.fr/actualite/quand-des-eoliennes-tuent
  • Démocratie et Transition

    Les associations de protection de l’environnement en appellent aux groupes parlementaires

    Au nom de la protection de l’environnement, indissociable du droit des citoyens à participer à celle-ci,
    Au nom de l’urgence climatique, indissociable d’une protection effective et durable de la biodiversité, des espèces et de leurs habitats,

    Pour tous les projets d’aménagement majeurs dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie relevant de l’autorisation au titre des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), des infrastructures de transports, et pour tous les projets majeurs relevant de la gestion des ressources vitales telles que l’eau, les métaux et matériaux du sol, ou encore les déchets,

    nous demandons :

    • une révision de la loi Industrie verte sur ses dispositions tendant à restreindre l’application du code de l’environnement 
    • une abrogation des décrets publiés au Journal officiel les 6 et 7 juillet 2024.
    • le rétablissement du 1er niveau de justice administrative et des délais de recours pour tout type d’aménagement pouvant avoir un impact sur les écosystèmes vivants.
    • le rétablissement des enquêtes publiques matérialisées pour tous les projets.
    • l’obligation de rendre publique un rapport présentant la synthèse des avis émis lors des consultations dématérialisées et la justification des décisions prises. ….
    • l’obligation de rendre accessible les documents déposés par tout porteur de projet d’aménagement, y compris les « portés à connaissance », dans des délais permettant au public de les analyser 
    • la création d’un Défenseur de l’Environnement

    Pour lire la lettre aux parlementaires :

    https://toutesnosenergies.fr/wp-content/uploads/2024/07/Democratie-et-Transition_juillet-2024_motion-groupes-parlementaires.pdf

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    https://toutesnosenergies.fr
  • Éoliennes qui tuent les oiseaux

    Après la découverte fortuite de 69 cadavres de volatiles dans le parc éolien du Gothard en juin 2021, un biologiste continue de mener l’enquête, mais l’exploitant s’y oppose.

    Le bilan final de la découverte est de 86 oiseaux morts. Il est possible qu’il y en ait eu davantage.

    Les problèmes liés à la protection des oiseaux sont bien plus importants que ne le prétendent les promoteurs.

    https://www.24heures.ch/les-eoliennes-tuent-les-oiseaux-700498425556

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    Un article paru sur le site de l’association Vent des Noues

  • Troubles dans les élevages

    Une histoire qui date mais toujours d’actualité

    La cour d’appel de Rennes ordonne une expertise des câbles enterrés sur le parc éolien des Quatre Seigneurs à Nozay

    Le 21 mars 2023, la cour d’Appel de Rennes ordonnait l’expertise judiciaire des câbles reliant les 8 éoliennes du parc de Nozay en Loire-Atlantique au poste source.

     Depuis plus de 10 ans plusieurs agriculteurs vivant à proximité de ce parc, dont les plus médiatiques Muriel et Didier Potiron qui ont vendu depuis leur exploitation (à un céréalier) et Céline Bouvet toujours exploitante à Nozay dénoncent des nuisances sanitaires inacceptables qu’ils imputent à la présence du parc tout proche et des câbles électriques enfouis dans le sol.

    L’arrêt rendu par la cour d’appel décrit dans le détail les pertes subies par les élevages ainsi que la longue liste des expertises qui se sont déroulées depuis 2013.

    Chronologie

    En juillet 2012 Les époux Potiron signe un bail emphytéotique pour des parcelles du futur parc éolien

    En juin 2013, le parc situé à 700m de l’exploitation des époux Potiron est fini de construire et opérationnel

    Dès Octobre 2013, le couple ainsi que leurs voisins dénoncent « des troubles touchant leur bétail (mammites à répétition, baisse de la production de lait, comportements anormaux des animaux, dégradation sanitaire du troupeau, retard de croissance des jeunes animaux, le tout ayant entraîné des pertes très importantes de chiffre d’affaire, une augmentation tout aussi importante des frais vétérinaires, puis une perte de plus de 400 bêtes sur 10 ans…), outre des troubles du sommeil et des insomnies pour les personnes. »

    La chambre d’agriculture, le GPSE, le ministère de l’écologie sont alertés et vont mener des expertises pendant de nombreuses années. En 9 ans, les éleveurs comptabilisent plus de 500 bêtes mortes qu’ils imputent à la présence du parc.

    En 2017 une action est menée par les éleveurs devant le tribunal de grande instance de Nantes contre l’exploitant du parc, demandant l’annulation du bail emphytéotique et une demande d’indemnisation pour trouble anormal de voisinage. Cet action est toujours en cours.

    En Février 2021, paraît un rapport interministériel (ministères de L’Environnement et de l’Agriculture).

    La mission dans ce rapport reconnaît la concomitance des troubles dans les élevages depuis la construction du parc éolien. Or, les troubles indiqués dépassent les 500 vaches mortes. La mission relève également qu’elle a été saisie d’informations sur des problèmes sanitaires humains. Les auteurs rajoutent que la problématique humaine n’a pas été traitée, car il manquait le ministère de la Santé comme composante à la mission. Ce rapport préconisait un arrêt du parc pendant 10 jours.

    Malgré la demande du ministère de la Transition écologique, l’exploitant du parc éolien, le fonds allemand KGAL qui pèse plus de 20 milliards d’€, s’est opposé à un arrêt-test de 10 jours.

    En Aout 2021, M. et Mme. Potiron et leur voisine Céline Bouvet, assignent l’exploitant KGAL et Enedis en référé devant la Cour d’Appel de Rennes à des fins d’expertise sur les câbles, les différentes liaisons au poste source, l’impact des ondes électromagnétiques sur les animaux d’élevage, la présence, entre autre, de courant électrique vagabond…

    En Novembre 2021, le juge des référés accepte la demande et nomme un expert chargé de répondre sur une vingtaine de points.

    En janvier 2022 l’exploitant allemand KGAL interjette l’appel, demandant qu’une expertise soit effectuée pour vérifier la bonne tenue des troupeaux des éleveurs et qu’ils soient déboutés de leur demande d’expertise.

    Troubles et nuisances

    Le 21 mars 2023 le juge confirme la demande des éleveurs. Pour appuyer leur demande d’expertise les époux Potiron et leur voisine mettent en avant les différents points listés ci-dessous (Liste intégralement tiré de l’arrêt de la Cour d’appel de Rennes):

    Les problèmes de baisse de production du lait et de comportement anormal et agité des vaches sont apparus sur l’exploitation dès la fin de l’année 2012 correspondant à l’implantation des éoliennes et se sont particulièrement aggravés au moment des travaux de câblage, réalisés dans des zones d’inondations fréquentes, et de leur mise en service quelques mois plus tard à partir de la mi-2013, ainsi :

    • le vétérinaire évoque au cours de l’année 2013 une baisse manifeste de l’état immunitaire du troupeau,
    • Les vétérinaires conseils, dans un rapport du 20 mai 2015, font état d’une production de lait qui a chuté depuis le 4ème trimestre 2012 et des conditions de traite (qui) se sont très fortement détériorées avec des vaches qui expriment une réaction physique à une agression depuis juin 2013,
    • Le relevé de conclusions d’une réunion organisée par la préfecture sur le parc éolien le 13 janvier 2016 fait état des incidents de traite [qui] sont à des taux ‘normaux’ avant le 28 juin 2013 (date de la mise en service progressive du parc éolien), aux alentours de 12 %’ et qui ‘sont en croissance forte à partir du 2 juillet 2013, entre 16 % et 30 %,
    • Mme [Y], experte en médecine vétérinaire, professeur émérite à l’école nationale vétérinaire de …, expert du Groupe Permanent pour la Sécurité Electrique fondé dans les années 2000 par EDF sous l’égide du ministère de l’Agriculture pour évaluer l’impact des courants vagabonds sur les élevages (GPSE), a conclu dans un rapport du 26 février 2015 que : ‘Les animaux de ce troupeau présentent des troubles de comportement indiscutables dont les conséquences doivent être matérialisées sur la base de données chiffrées qui permettront d’établir si la dégradation des résultats est effectivement concomitante de l’installation des éoliennes, il faut effectivement reconnaître qu’au vu de cette première visite, la conduite du troupeau n’a pas été modifiée en 2012- 2013. L’élevage est actuellement victime d’un cercle vicieux, les éleveurs étant dans l’obligation d’augmenter l’effectif pour produire suffisamment de lait, au détriment des conditions de traite et d’élevage. Les investigations électriques réalisées par M. [R] mettent en évidence des anomalies qui doivent être corrigées.’

    Le rapport du 20 mai 2015 du protocole GPSE met en évidence la véracité des dires et observations de M. Potiron permettant d’établir que :

    • 40% des vaches refusent d’aller spontanément à la traite,
    • les vaches sont très agitées pendant la traite,
    • les vaches produisent des quantités de lait variant du simple au triple d’une journée sur l’autre pour nombre d’entre elles,
    • les vaches refusent par moment de rentrer dans le bâtiment.
    • le rapport de M. [U] en date du 31 mars 2016 présente une analyse statistique qui établit une corrélation qu’il considère comme forte (supérieure à 50 %) pour des conditions d’élevage soumises à de nombreux autres facteurs.

    Cette corrélation est établie entre le fonctionnement du parc éolien, la production d’électricité et les chutes accidentelles des gobelets trayeurs en cours de traite, cet indicateur est révélateur du stress et de l’inconfort des animaux.

    Cette corrélation est proportionnelle à la production électrique au cours des deux premiers mois de fonctionnement du parc éolien, soit juillet et août 2013. Par la suite, cette proportionnalité disparaît n’excluant pas un effet non proportionnel entre production électrique et comportement des vaches.

    Nous ne pouvons exclure que des animaux soumis au stress irrégulier et aléatoire, adoptent au cours du temps une attitude constante de méfiance, puisque qu’ils ne sont pas capables d’anticiper les conditions de traite et l’ambiance dans le bâtiment. Il faut aussi rappeler que les incidents de traite ont débuté dès les travaux de mise en place des éoliennes. Cette période n’entre pas dans l’analyse statistique de corrélation entre production électrique et anomalies puisqu’évidemment la production n’avait pas débuté. (rapport GPSE)

    En avril 2017, le conseiller référent à Elevage Conseil Loire Anjou atteste de l’observation de montée de production laitière lors de l’arrêt accidentel du parc éolien. Ce parc s’est arrêté le 28 février 2017 à 14h00 et il a redémarré le 4 mars 2017 vers 9h00.

    Il a été constaté pendant la période d’arrêt :

    • Une augmentation de la production laitière de + 2,7 %,
    • Une forte augmentation de la fréquence du robot de + 143 %,
    • Une forte diminution du nombre de traites incomplètes de – 62 %,
    • Une stabilité du nombre de traites avec chutes,

    Cette amélioration des performances d’élevage et du comportement des animaux au cours de l’arrêt des éoliennes s’est rapidement dégradée lors de la remise en service du parc éolien.

    Dans un courrier du 30 juin 2020, Mme [Y] confirme dans les termes suivants : Il est indiscutable, pour moi et les autres membres du GPSE impliqués dans ces dossiers, que l’implantation des éoliennes en 2012 et leur mise en service en juin 2013, a eu un impact négatif sur le comportement des vaches, en particulier lors de la traite, et sur leur production de lait. Nos conclusions sont confortées par le fait que les difficultés se sont déclarées au même moment dans les deux élevages dont le fonctionnement était auparavant tout à fait normal.

    Si la concordance des troubles avec la mise en service des installations électriques et, inversement, leur disparition dans les périodes d’arrêt desdites installations, ne sont pas contestées, ni du reste contestables eu égard à leur objectivation, une des pistes possibles est donc celle du phénomène des courants parasites, également appelés ‘courants vagabonds’ ou ‘courants de fuite’, qui sont des courants électriques émis par les lignes électriques et qui se propagent à travers le sol via des éléments conducteurs, tel que les eaux souterraines, la nature des sols, puis les installations d’élevage en structure métallique ou les équipements électriques et électroniques qui en favorisent la circulation (abreuvoirs, mangeoires, clôtures, etc…).

    Autre cas particulier : la zone dans laquelle se situe l’exploitation, est particulièrement humide et riche en cours d’eau qui sont susceptibles de favoriser les phénomènes de courants vagabonds. La mortalité s’est élevée à plus de 400 bêtes sur une période de 10 années, soit plus de 40 bêtes par an, ce qui est considérable au regard des normes habituelles (de 10 à 15 par an pour un troupeau de la taille de celui de M. et Mme. [A]).

    Enfin Le Mouvement de la Ruralité qui soutient les éleveurs de Nozay publie le 6 avril sur son site internet, l’intervention au pied des éoliennes 15 jours après la décision de la cour d’appel de Rennes en dit long sur la probité et le respect de l’exploitant vis à vis de la loi française et des éleveurs.

  • L’éolien industriel en France en 2021

    Depuis une dizaine d’années, le développement de l’éolien industriel va crescendo, parallèlement à celui du solaire photovoltaïque, dans la dynamique des énergies dites « renouvelables », ou « vertes », non sans problèmes, contradictions, ambiguïtés et confusion.

    De nombreux inconvénients associés à l’industrie éolienne ont été signalés depuis longtemps, en particulier par des députés, des sénateurs, la Cour des comptes, la Commission de régulation de l’énergie (CRE), l’Office français de lutte contre la corruption et l’Académie de Médecine.

    Il serait possible de considérer que ces « inconvénients » sont le prix à payer, pour atteindre les objectifs de la loi « relative à la transition énergétique pour la croissance verte » du 18 août 2015, soit notamment « réduire les émissions de gaz à effet de serre » et « porter la part du nucléaire à 50 %.

    Cependant, les faits démontrent que l’éolien industriel (et avec lui le solaire photovoltaïque) ne permettra pas d’atteindre ces objectifs.

    – D’une part, car la production de gaz à effet de serre liée à la production d’électricité n’est pas significative en France : les leviers d’actions sur cette problématique se trouvent principalement sur la consommation de pétrole (transports, logements et pratiques agricoles).

    – D’autre part compte tenu de trois caractéristiques fondamentales qu’aucune technologie fiable ne peut compenser : l’électricité ne se stocke pas, sa production est intermittente et elle n’est pas pilotable ; elle nécessite donc le recours régulier et fréquent aux autres modes de production.

    Les données publiées par RTE démontrent clairement que (1) :

    – En 2020, les 10 000 éoliennes (environ) installées n’ont produit que 7,9 % d’électricité (6,3 % avec 8000 éoliennes en 2019)

    Les 15 000 éoliennes prévues dans le futur parc éolien de 2028 (dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie -PPE-) ne produiront que 15 % d’électricité.

    Cela s’explique par le « facteur de charge » (2) qui n’est que de 26 % (2020).

    Ces données indiquent que 55 000 éoliennes de 3 mégawatts (MW) seraient nécessaires pour produire l’équivalent de ce que permet le parc nucléaire ; et que les Français devraient accepter de ne disposer d’électricité qu’un jour sur cinq en moyenne…

    En 2020, EDF a vendu, souvent à perte, plus d’électricité aux pays interconnectés que n’en a produit la filière éolienne. EDF est dans l’obligation d’acheter l’électricité « éolienne » au prix de 7 à 8 centimes d’euros le kWh (lorsque, dans un même temps, elle est dans l’obligation de vendre le quart de sa production à ses propres concurrents au prix de 4,5 centimes d’euros le kWh du fait de dispositions européennes relatives aux règles de concurrence).

    Malgré ces piètres résultats, le gouvernement continue sur la lancée de ses prédécesseurs l’application de la loi de 2015, avec la mise en place de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) engagée par le décret du 21 avril 2020 prolongeant et amplifiant ainsi les nombreux inconvénients liés à cette industrie, et rappelés à maintes reprises dans l’indifférence quasi générale.

    1. « Nuisances de voisinage » : Bruit, infrasons (sons inaudibles par l’oreille humaine), effet stroboscopique (alternance lumière/ombre) et clignotements rouges la nuit et blancs le jour, à l’origine du « syndrome éolien » reconnu par l’Académie de Médecine. Des dommages sur des animaux sont également constatés (élevages bovins en particulier)…

    2. Aspect écologique : Soulignons le gigantisme de ces éoliennes qui mesurent maintenant de 165 mètres (soit la moitié de la Tour Eiffel) à 200 mètres (soit la hauteur de la Tour Montparnasse), voire plus. Seuls quelques éléments (nacelle, pales) sont fabriqués en France, comme l’a souligné la Cour des comptes dans son rapport de 2018.

    – Leur conception, leur construction, leur installation, puis les conditions de leur démantèlement ne sont en rien « écologiques ».

    – L’impact sur les oiseaux et les chauves-souris est démontré.

    – L’importante emprise au sol conduit à la destruction de terres agricoles, lesquelles seront à jamais encombrées par les restes des fondations après les démantèlements.

    – La destruction des paysages et de l’environnement est patente : Tout est dit ou presque par la ministre de l’environnement elle-même, le 18 février 2020 : « (…) Il y a des emplacements de parcs éoliens en covisibilité avec des monuments historiques.(…) On a des territoires dans lesquels on a une dispersion de petits parcs de taille et de forme variables qui donnent une saturation visuelle, voire une situation d’encerclement autour de certains bourgs qui est absolument insupportable ».

    Cela avec de graves conséquences

    – Sur le patrimoine écologique, touristique et culturel.

    – Sur la valeur immobilière des propriétés voisines comme l’indique l’Administration fiscale.

    3. Aspect économique et financier

    La Cour des Comptes a écrit : « L’évaluation de la politique de soutien financier apporté par l’État aux éoliennes aboutit à un constat d’échec. Le soutien mis en œuvre depuis 2001 est onéreux, déséquilibré, peu efficace (…) ».

    En effet :

    – Le coût du développement éolien s’élèverait en 2028 à 90 milliards d’euros, pour 15 % d’électricité seulement.

    – Les promoteurs de l’éolien bénéficient de nombreux abattements et exonérations sur les taxes appliquées aux autres industries.

    4. Aspect juridique par un ensemble de dérogations ciselées sur mesure

    – Santé et troubles de voisinage :

    Non-respect du principe de précaution qui a pourtant valeur constitutionnelle (non prise en compte des recommandations de l’Académie de médecine relatives aux distances entre les parcs éoliens et les habitations) Dérogation au code de la santé publique en ce qui concerne le seuil d’infraction sonore, avec dispense de la mesure et de la limitation des bruits de basse fréquence (dits « infra sons »)

    – Environnement : Dérogation aux principes et aux règles de préservation des espaces naturels, ainsi qu’à l’interdiction de détruire ou de déranger des d’espèces animales protégées.

    – Droits de recours administratifs :

    Dérogation au principe de double degré de juridiction. Depuis fin 2018, le contentieux est jugé en premier et dernier ressort par les cours administratives d’appel (CAA), les tribunaux administratifs n’étant plus compétents, ce qui revient à supprimer la possibilité d’appel.

    En ce qui concerne l’éolien en mer, un projet de loi prévoit que le Conseil d’État serait compétent en premier et dernier ressort.

    Limitation des possibilités de stratégie des plaignants par la « Cristallisation des moyens » (entendre « arguments ») lesquels doivent être déposés devant la CAA en bloc et en une seule fois.

    Caractère « léonin » des baux emphytéotiques

    L’exploitant locataire a la jouissance du terrain quasiment comme s’il en était le propriétaire et ce dernier peut par ailleurs se retrouver avec la charge du démantèlement à la fin du contrat (20 ans).

    Notons toutefois que, début 2021, des juridictions Judiciaires et Administratives ont condamné des promoteurs éoliens :

    En février, le tribunal d’instance de Montpellier a ordonné le démantèlement d’un parc de sept éoliennes situé à Lunas (Hérault) pour des enjeux de biodiversité (espèces protégées et site remarquable).

    En mars,

    la cour d’appel de Versailles a condamné sept sociétés éoliennes pour la destruction de faucons crécerelles sur des parcs éoliens du causse d’Aumelas (Montpellier) ;

    – le Conseil d’État a annulé un projet d’implantation de six éoliennes près de Mirambeau (Charente-Maritime), compte tenu de leur effet visuel sur les monuments historiques et de leur impact sur la migration des oiseaux ;

    – la Cour administrative d’appel de Marseille a jugé que les vingt-deux éoliennes récemment installées sur les contreforts de la Montagne Sainte-Victoire (Bouches-du-Rhône) sont illégales, car mises en place sans autorisation environnementale, étude d’impact et d’enquête publique.

    Conclusion et Perspectives

    – Une industrie en elle-même pas « écologique » du tout, avec notamment d’importants impacts négatifs sur l’environnement à toutes les étapes du cycle de vie des parcs éoliens et, en France en particulier, un effet très relatif sur le plan de la réduction des gaz à effet de serre : Aberration écologique !

    – Une énergie intermittente et non pilotable, nécessitant le recours régulier aux autres modes de production et s’y ajoutant, sans remplacer le nucléaire civil lequel, via « l’option hydrogène », en sortira au contraire renforcé à terme : Aberration énergétique !

    – Un système qui ne peut fonctionner que très largement subventionné, avec un engagement de sommes énormes au regard de la production elle-même très modeste, et de surcroît entre les mains de grandes entreprises du secteur pétrochimique et énergétique, ainsi que de grands groupes financiers y compris étrangers : Aberration économique et financière !

    – Des dérogations exorbitantes à d’importants dispositifs juridiques protecteurs de la santé humaine, de l’environnement et des droits du citoyen : Aberration juridique !

    Tout cela pour moins de 8 % d’électricité avec environ 10 000 éoliennes fin 2020 et, avec 15 000, 15 % seulement en 2028.

    Le cumul des inconvénients et des coûts au regard des résultats obtenus et envisageables à moyens et longs termes ne plaide pas en faveur du déploiement en cours.

    Un moratoire qui permettrait un bilan objectif et exhaustif a été demandé à plusieurs reprises au(x) gouvernement(s) par des parlementaires, sans succès jusque-là.

    En l’état actuel du développement de l’éolien industriel en France, en Europe et dans le monde, il serait temps en effet de faire le point et d’engager un vrai débat démocratique autour de la question : « quel monde pour demain ? »

    Les citoyens s’opposant à l’éolien industriel appellent de leurs vœux une démarche ouverte, collective et démocratique.

    Explications, détails, nuances et sources dans le « version longue » (40 pages) :

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    Notes

    1. RTE « Bilans électriques »

    Puissance installée : Mégawatts (MW) ; Gigawatt (GW)

    Production et consommation : Térawatt-heure (TWh)

    1. Le facteur de charge est le ratio entre l’énergie produite par une éolienne sur une période donnée et l’énergie qu’elle aurait produite durant cette période si elle avait constamment fonctionné à pleine puissance. C’est une moyenne mensuelle calculée sur une année (il est de 70 % pour le nucléaire et de 7 à 15 % pour le solaire photovoltaïque -données 2020-).