Le projet de Saint-Brieuc


Ce projet sera le plus cher de tous les parcs éoliens français

La Commission européenne a publié, mi-août, des informations qui étaient restées confidentielles ces dernières années : le prix de rachat de l’électricité et les aides publiques octroyées par l’État pour la construction du parc éolien.

Le parc éolien de la baie de Saint-Brieuc, dont la construction est prévue entre 2021 et 2023, sera le plus cher de tous les parcs offshore français. C’est ce que révèle un document publié par la Commission européenne, le 12 août dernier. Elle a publié des données qui étaient restées confidentielles jusqu’alors : le prix d’achat de l’électricité ainsi que les montants des aides publiques de l’État.

4,7 milliards d’aide sur vingt ans à Iberdrola

L’électricité produite par le promoteur Ailes Marines (détenu par l’espagnol Iberdrola) sera vendue à la France 155 € le MWh. Pour les cinq autres parcs éoliens offshore construits dans la Manche et l’Atlantique par EDF et Engie, le prix d’achat oscille 131 € et 143,6 € le MWh. Ce tarif est celui qui a été renégocié par l’État en 2018 en raison de la baisse des prix du marché.

Le gouvernement estime que le prix du marché est en moyenne de 51 €/MWh. La différence entre ce prix (51 €) et le prix d’achat par de l’électricité à Ailes Marines (155 €) est considérée comme une aide publique de l’État à l’industriel. Sur vingt ans, cette aide est estimée à 4,7 milliards d’euros. Au-delà, Ailes Marines vendra l’électricité au prix du marché.

« Une addition salée », pour les opposants

Pour les autres parcs (Courseulles, Fécamp, Saint-Nazaire, Yeu/Noirmoutier et Dieppe), l’aide maximum ne dépasse pas les 3,7 milliards. Le document explique ces prix plus chers que dans le reste de l’Europe par « les particularités de la côte française : vents plus faibles et nature de sol plus complexe ».

« L’addition est particulièrement salée pour les Français, pour une efficacité du projet qui reste à démontrer tant sur le plan énergétique que sur sa contribution à réduire les gaz à effet de serre », a commenté, hier, l’association Gardez les Caps qui s’oppose au parc. On comprend mieux pourquoi les Ministères de l’Écologie successifs ont caché ce tarif à la société civile pendant 7 ans. »

Réduire le CO2 et augmenter la part des énergies renouvelables

Iberdrola, par l’intermédiaire du consortium Ailes Marines, avait répondu à cet appel d’offres du gouvernement en 2011. La France voulait alors développer l’éolien offshore pour réduire les émissions de CO2 et augmenter la part des énergies renouvelables. La commission européenne rappelle que deux autres candidats avaient répondu pour Saint-Brieuc. En juillet, le conseil d’État a considéré que le gouvernement avait commis une faute en sélectionnant Iberdrola sur un mauvais critère.

ouest-france.fr