Un article dans la Voix du Nord

Un projet éolien relancé dans l’Arrageois, Drocourt et Bois-Bernard vent debout

La cour administrative d’appel de Douai a annulé le refus du préfet du Pas-de-Calais d’autoriser l’implantation de trois éoliennes sur les territoires d’Izel-lès-Équerchin et Quiéry-la-Motte. Les villes de Drocourt et Bois-Bernard, à proximité du projet, sont vent debout.

Nouveau rebondissement dans le dossier éolien commun à Quiéry-la-Motte et Izel-lès-Équerchin, et à proximité des villes de Bois-Bernard, Drocourt et Hénin-Beaumont. Le 27 juin dernier, la cour administrative d’appel de Douai a invalidé l’arrêté du préfet du Pas-de-Calais, rendu le 6 juin 2023, refusant la demande d’autorisation environnementale. Celui-ci invoquait plusieurs motifs : la proximité de terrils classés patrimoine mondial UNESCO, de l’église Saint-Martin d’Hénin-Beaumont classée monument historique, d’habitations ou encore d’une zone de reproduction du busard des roseaux. À noter que lors de l’enquête publique précédant la décision préfectorale, le commissaire enquêteur avait émis un avis favorable.

Le porteur du projet, la société Parc éolien de la vallée de l’Escrebieux, a saisi la cour administrative d’appel de Douai, qui dans un arrêt du 27 juin 2025, lui a donné raison. Tous les arguments développés par le préfet sont écartés. La cour relève ainsi que ce dernier n’a pas fourni d’études attestant la gêne occasionnée par la présence des mats sur les communes. Le paysage, sillonné par l’autoroute A1 et une ligne TGV, ne présente pas « une qualité particulièrement remarquable ». Concernant la proximité des terrils et de l’église Saint-Martin, la cour ne voit pas « de concurrence » avec le projet. Les risques pour les oiseaux (busard des roseaux, chauves-souris) sont jugés minimes et pris en compte.

Réexamen sous quatre mois

La cour enjoint également au préfet de réexaminer la demande d’autorisation de la société Parc éolien de la vallée de l’Escrebieux dans un délai de quatre mois, soit jusqu’au 26 octobre, et de prendre une nouvelle décision « expresse ».

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Toutefois, un autre acteur apparaît dans la procédure. Il s’agit de l’association Escrebieux, farouchement opposée au projet, qui s’est associée aux conclusions du préfet. La cour reconnaît son droit d’intervenir dans le dossier. Ce collectif d’habitants compte maintenant lancer une nouvelle procédure, dite de tierce opposition, en développant ses propres arguments.


Les Bois-Bernadins de la rue du Petit-Bois ont déjà une vue sur les éoliennes du Douaisis. Ils n’en veulent pas une sur celles de l’Arrageois (ici en juillet 2022). – PHOTO ARCHIVES « LA VOIX »

L’association Escrebieux présente à Drocourt ce vendredi 15.

Du côté de la ville de Bois-Bernard, le maire Jean-Marie Monchy a posté un message d’opposition sur Facebook le 7 août : « Afin d’éviter (l’implantation des éoliennes), vous pouvez agir en prenant connaissance des éléments (publiés par l’association Escrébieux) ». À Drocourt, la ville a fait installer une banderole d’opposition en mairie et a annoncé que l’association Escrebieux sera présente ce vendredi 15 août « au marché aux puces (route d’Arras et place Giérek) pour vous informer, échanger avec vous et recueillir votre soutien. Ensemble, faisons entendre notre voix pour dire NON à ce projet et préserver notre territoire ! »

La préfecture du Pas-de-Calais n’a pas répondu à nos sollicitations.

Réactions

Pierre Rose, porte-parole d’Escrebieux. « Nous essayons de contacter des maires du secteur (la plupart sont hostiles au projet) et des associations. On est en pleine constitution du dossier, nous avons jusqu’au 26 août pour l’envoyer à la cour administrative d’appel, il est hors de question de baisser la garde. Notre région est saturée : les Hauts-de-France représentent 6 % du territoire français et fournissent 28 à 30 % de la production d’électricité d’origine éolienne. »

Corinne Dubois, maire d’Izel-lès-Équerchin : « C’est un projet qui était déjà en cours quand je suis devenue maire (en 2020). Je vais me conformer à ce que la justice a décidé. La décision de la cour d’appel montre que le projet est solide, sérieux. Notre champ visuel est obstrué par les éoliennes de Flers (Lauwin-Planque), les lignes électriques haute tension. Notre paysage est déjà détruit. »

Frédéric Humez, maire de Quièry-la-Motte : « Je suis surpris car l’argumentaire du préfet était très sensé. Notre conseil municipal a voté largement contre le projet (lancé sous le mandat précédent). Ce qui m’inquiète, c’est qu’on a huit éoliennes côté Hénin-Beaumont, Courcelles-les-Lens, Lauwin-Planque. Il y a des projets refusés à Brebières et Fresnes-les-Montauban. S’ils finissent par être acceptés, Quièry sera complètement entourée d’éoliennes. »

La préfecture du Pas-de-Calais n’a pas répondu à nos sollicitations.

Trois machines en lisière du bassin minier

Le projet prévoit la construction de trois éoliennes : deux sur le territoire d’Izel, un à Quiéry, d’une puissance totale de 15 MW, plus un poste de livraison.

Deux d’entre eux présentent une hauteur en bout de pales de 180 mètres, 160 mètres pour le dernier. La société Parc éolien de la Vallée de l’Escrébieux (porté par les producteurs d’énergies renouvelables Valeco et Alterric) a déposé une demande d’autorisation environnementale (l’équivalent du permis de construire) le 5 juillet 2021.

L’implantation envisagée se ferait en lisière des communes de Drocourt, Bois-Bernard et Hénin-Beaumont, à 1 kilomètre des premières habitations drocourtoises et bois-bernardines et à environ 1,3 km pour les premières maisons de Beaumont.