Méfaits des ondes électromagnétiques


Cet éleveur du Centre-Bretagne ne cesse de le dénoncer : les ondes électromagnétiques auraient tué 274 de ses vaches en six ans. Les Bulgares s’intéressent à sa cause…

Stéphane Le Béchec, éleveur à Allineuc près de Loudéac (Côtes-d’Armor) a été rendu « célèbre », bien malgré lui, par la perte de 274 vaches en six ans, à partir de janvier 2016.

Cet ancien producteur de lait poursuit ce qui est devenu le combat de sa vie : obtenir la reconnaissance des méfaits des ondes électromagnétiques. Non seulement pour les animaux, mais aussi pour les êtres humains.

La cause de la mort de ses bêtes n’est pas formellement expliquée, mais pour Stéphane, il ne fait aucun doute que c’est bien le courant électrique propagé par le sol (du fait de la présence d’éoliennes et d’antennes, notamment) qui serait à l’origine du dépérissement de ses animaux et, in fine, de leur mort. « On m’a demandé de me taire », affirme Stéphane. Mais aujourd’hui, avec pour tout cheptel « deux vaches et un taureau pas très en forme », il n’a pour ainsi dire, plus grand chose à perdre.

Dialogue avec le Président de la République

Alors, chaque fois qu’il en a l’occasion, Stéphane « cause ». Que ce soit sur son exploitation en invitant des personnes concernées par le sujet (l’électrosensibilité) ; avec le ministre de l’Agriculture, rencontré à déjà sept reprises, ou encore avec Emmanuel Macron. Mais oui : le Président de la République lui a accordé « dix minutes de dialogue sincère » lors du dernier salon de l’agriculture.

En avril 2023, ce sont les plateaux de radio et télévision de Bulgarie qui lui ont tendu le micro.

Pourquoi la Bulgarie ?

Parc éolien contre parc d’attraction

Parce que dans ce pays, politiquement divisé entre pro-Russes et pro-Ukrainiens, il est question d’ouvrir, près de la cité balnéaire de Varna, un parc d’attraction gigantesque avec reconstitutions « authentiques » de sites historiques et attractions thématiques, façon Puy-du-Fou.

« Ils ont carrément construit des châteaux, des villages du Moyen-Âge, des palais complets en marbre… Ils (des « pro-Russes ») veulent en faire le plus grand parc du monde ! », explique Stéphane Le Béchec.

Mais un projet éolien (apparemment porté par des gens plutôt de l’autre bord) est « en train de compromettre le Parc Historique… »

On s’apprêterait en effet à installer les éoliennes sur la crête des collines entourant le site de Varna. Pas très raccord avec les moulins à vent de l’an mille… 

Du coup, les soutiens du projet de parc d’attraction font feu de tout bois pour contrecarrer ces projets d’énergie éolienne autour du site.

C’est dans ce contexte que Stéphane a été invité à venir témoigner du péril électromagnétique, en tant que contributeur à la bande-dessinée intitulée Le Prix du Vent, que nous avons présentée il y a quelque mois et qui vient d’être traduite en bulgare.

Il s’est rendu à Sofia puis Varna en compagnie des auteurs du livre.

« Un beau voyage, improbable… Les Bulgares voulaient comprendre ce que nous avons découvert en matière de courant par le sol et les fissures du sous-sol et l’impact des ondes électromagnétiques sur le vivant ».

Vers une tournée mondiale ?

La tournée pourrait avoir prochainement une suite, au Québec, cette fois.

En attendant, Stéphane Le Béchec, qui ne produit désormais plus que de l’herbe, « mon lait est impropre à la consommation », a décidé de « porter plainte contre l’Etat français au niveau européen ».

« En France, c’est à toi de démontrer qu’il y a une nuisance. Mais pour la législation européenne, à partir du moment où plusieurs cas similaires sont constatés, c’est aux opérateurs de démontrer qu’il n’y a pas de nuisance. Et des gens impactés, d’une manière ou d’une autre, rien que sur la circonscription de Loudéac-Lamballe, j’en connais au moins une soixantaine ! »

En tout cas, « Si je ne vais pas jusqu’au bout, tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai dit depuis le début n’a pas de sens. ça m’a coûté trop cher. » Stéphane Le Béchec a eu de sérieux problèmes de santé, notamment cardiaques, lui aussi.

Il participe par ailleurs à une étude lancée début mai par l’l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans cinq départements (dont les Côtes-d’Armor).

De même, l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) a lancé de son côté une étude pour tenter de déterminer l’impact des ondes sur les animaux.

Ils s’écoulera encore de longues années avant que leurs résultats puissent être communiqués…

actu.fr/bretagne

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Pour rappel

Le prix du vent

Des éoliennes, des bêtes et des hommes

Baptiste Chouet (Illustrations)
Sioux Berger (Auteur)
Maxime Poisot (Scénario)